RDC : formation des jeunes au Sud-Kivu
12 décembre 2022Les jeunes concernés sont issus de Walungu, Mwenga et dans la plaine de la Ruzizi et qui ont quitté l’école sans diplôme. Ils sont donc désormais encadrés pour apprendre un métier.
Dans cet atelier de coupe et de couture, situé dans le territoire de Mwenga, à plus de 120 kilomètres de la ville de Bukavu (située sur la rive sud-ouest dulac Kivu et la capitale de la province du Sud-Kivu, dans l'est de la RDC), un enseignant formé six jeunes filles à la confection de vêtements.
Grâce à cette formation, Wabiwa Kitoga, une jeune adolescente, se sent enfin respectée dans son village bien qu’elle n’ait pas fait d’études.
"Avant, je restais à la maison à ne rien faire. Mes parents n’ont pas pu me faire étudier faute d’argent. La vie m’a souri quand l’Unicef m’a identifiée et inscrite pour cette formation", témoigne t-elle.
Aujourd’hui, ça m’aide beaucoup parce je suis sollicitée pour coudre des habits et je reçois 5.000 francs congolais, ça nous permet de manger à la maison. En tout cas, je suis très heureuse que Dieu bénisse les initiateurs", ajoute Wabiwa Kitoga.
Réalisation d'un rêve
À Mulamba, à plus de 50 kilomètres de là, Mapenzi Karubamba, qui apprend aussi la couture, vient de voir son rêve se réaliser.
"Aujourd’hui, je suis contente car l’Unicef nous a beaucoup aidées. Nous ne restons plus à rien faire et à déambuler dans le village. Nous avons maintenant un travail qui nous aide. Sincèrement, je viens de réaliser mon rêve qui était de savoir coudre moi-même mes habits et le faire pour mes voisins et mes proches", affirme Mapenzi Karubamba à la DW.
Paupérisation
Dans l’est de la République démocratique du Congo, de nombreux enfants et adolescents n’ont pas eu la chance d’étudier. Les conflits récurrents dans cette région ont appauvri la population et certaines familles ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école.
Ces jeunes garçons et filles désœuvrés deviennent un problème à gérer pour la société.
"Là, nous sommes en train de poursuivre avec la formation des enfants qui ont été sélectionnés suivant un ordre de vulnérabilité. Nous avons ceux sortis des groupes armés, il y a des orphelins, ceux qui ne sont plus pris en charge par leurs familles, d’autres abandonnés et accusés de sorcellerie", déclare Espoir Safari qui prend en charge ces jeunes dans le cadre d’un projet en territoire de Walungu.
Pour la coupe et la couture, nous les accompagnons durant dix mois, la menuiserie six mois et pour la pâtisserie, la formation est de trois mois. Et chaque fois qu’ils finissent leur formation, on les réintègre dans la communauté et il y en a qui créent ensuite leur propre atelier et reçoivent des clients, poursuit Espoir Safari.
À Izege, situé à près de 30 kilomètres de Bukavu, en territoire de Walungu, la DW a rencontré Blaise Kulimushi qui a fini sa formation en menuiserie. Avec son kit de réinsertion composé d'outils de menuiserie, il a ouvert son propre atelier. Il est même devenu une référence dans la fabrication des meubles dans son village.
"Ma vie a beaucoup changé parce qu’ici, chez nous, pour construire une maison ou se marier, il faut gagner de l’argent en allant creuser dans les mines. Mais grâce à l’Unicef, j’ai construit ma maison et je me suis marié. J’ai une femme et un enfant et ils vivent grâce à ce travail de menuiserie. Les clients me cherchent. Je fabrique les portes, chaises, tables et armoires", confie fièrement le jeune homme.
Plus d'engagement
De passage dans la région, Marie-Pierre Poirier, la directrice régionale du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a rencontré Blaise Kulimushi et d’autres jeunes pris en charge par ce programme.
"Ce qui est touchant est que ces jeunes sont extrêmement reconnaissants de la chance qu’ils ont eue et appellent à ce que tous les autres puissent bénéficier du même soutien. Donc il y a une solidarité et un appel à la mobilisation pour que beaucoup plus d’assistants soient mis à la disposition de leur communauté", rappelle Marie-Pierre Poirier.
"Nous, de notre côté, à l’Unicef, nous pouvons simplement dire à toutes les bonnes volontés, les bailleurs, ceux qui s’intéressent à l’avenir de la RDC, que nous avons des solutions qui sont efficaces, qui ont des résultats tangibles, concrets et durables dans un temps remarquablement court", rassure la directrice régionale de l'Unicef.
Ce projet a déjà pris en charge 1.000 à 2.000 jeunes du Sud-Kivu. Mais une enquête conduite en 2019 a recensé dans cette province plus de 530.000 jeunes et adolescents qui seraient en dehors du système scolaire et laissés sans encadrement. Certains deviennent ainsi une proie facile pour les groupes armés.