A Bukavu, un laboratoire pharmaceutique part en fumée
30 janvier 2020C'est un coup dur pour l'Eglise catholique qui gère le Bureau diocésain des œuvres médicales (BDOM). Les flammes en colère ont ravagé son bâtiment administratif et endommagé les machines du laboratoire pharmaceutique.
Sur place, il règne une ambiance de deuil et désespoir. Jean Marie Mushegerha qui était de garde le soir du drame témoigne :
"Moi j'étais dans le couloir et directement, j'ai vu la fumée qui venait vers moi. Ma première réaction, ça été de couper le courant électrique et d'alerter mon chef et le directeur. On a ouvert et on a vu qu'il n'y avait pas moyen de sauver quoi que ce soit, car le feu évoluait vite. Ce n'est que vers 4 heures que des étudiants de l'ISDR (Institut Supérieur de Développement Rural, NDLR) sont venus à notre secours mais c'était déjà trop tard."
Origine inconnue mais conséquences désastreuses
L'origine du feu n'est pas encore élucidée, mais les conséquences subies sont incalculable, estime Pierre Junior Akili Mali, pharmacien responsable du BDOM :
"L'étendue des pertes est vraiment énorme : nous venons de perdre pratiquement tout le bâtiment administratif. Nous venons de perdre aussi tout le stock de matières premières pour la fabrication des médicaments. Au stade actuel, nous appelons le gouvernement congolais, les organisations internationales à venir nous assister parce que c'est un drame. Si on reste dans cette situation la population va beaucoup souffrir."
Flambée des prix
Des pertes qui font craindre la montée des prix de certains médicaments produits grâce au BDOM qui dispatche ses produits dans 34 zones de santé du Sud Kivu. Mireille Tshilanda est animatrice des mutuelles de santé des étudiants :
"Quand on a appris que le BDOM avait pris feu, pour nous, c'était un cauchemar. On n'a pas su surmonter l'émotion et très vite, on est venu voir l'état des lieux et apporter notre petit secours. Le BDOM fournit des médicaments dans les milieux ruraux et c'est toute la population qui en bénéficie. La crainte c'est de voir que nos structures sanitaires ne seront plus approvisionnées et donc les malades vont davantage souffrir."
Le président de la société civile de Kadutu plaide pour une réhabilitation urgente du bâtiment du BDOM, pour éviter que le Sud Kivu dépende à 100 % de l'étranger en matière d'approvisionnement en médicaments. "Cette perte peut impacter sur la province parce que la plupart des médicaments qu'on utilise sont fabriqué au BDOM. D'où la nécessité d'intervenir pour la réhabilitation du BDOM," explique Hypocrate Maruma.
Signalons que cela fait 44 ans le BDOM est au service de la population au Sud-Kivu.