Négociations difficiles pour la paix au Mali
16 juillet 2014Les négociations de paix ont beau avoir repris, depuis l'accord de Ouagadougou en juin 2013, les positions des belligérants semblent inconciliables. D’un côté, le chef de la délégation du MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, a lancé : « Nous ne sommes pas venus à Alger pour signer un accord. Nous sommes ici pour prendre contact avec le gouvernement en vue des prochaines discussions.»
Le mouvement rebelle maintient ses revendications initiales, c'est-à-dire une autonomie du nord du pays qu’il contrôle déjà.
Les « lignes rouges » de Bamako
Après avoir accusé la semaine dernière les groupes armés d'avoir violé le cessez-le feu obtenu au forceps, en mai dernier, par le président mauritanien, Bamako se dit opposé à toute idée d'autonomie ou d'indépendance, qualifiée de «ligne rouge» par le président Ibrahim Boubakar Keita.
Autre ombre au tableau, tous les mouvements qui combattent le pouvoir central de Bamako ne sont pas conviés à Alger. Et c'est ce que déplore Michel Gally. Il est spécialiste du Mali à l'Institut des relations internationales de Paris.
« Les principaux éléments perturbateurs, à savoir tous les djihadjistes combattants, d'Aqmi, d'Ansar Dine ou du Mujao, qui ont une dimension plus malienne, en sont exclus. Cela correspond d'ailleurs à l'opinion dominante à Bamako qui porte sur les Touaregs et pas du tout sur les mouvements qui sont pensés comme peut-être plus proches de la population. Alors que pour les Occidentaux, pour la France en particulier, c'est exactement l'inverse. »
Les pourparlers de paix débutent le jour de la visite à Bamako du ministre français de la Défense. Jean-Yves le Drian va signer un accord de coopération militaire entre la France et le Mali. Prévue initialement pour le 20 janvier dernier, puis reportée à plusieurs reprises, la signature de cet accord permettra de donner une base juridique définitive à la présence militaire française sur le sol malien.
De nombreux analystes établissent d'ailleurs un lien entre la signature de cet accord de défense et la fin annoncée de l'opération «Serval» qui sera remplacée par «Barkhane». Une opération plus large et permanente de lutte contre le terrorisme au Sahel qui va mobiliser au moins 3000 militaires français. Le lancement de l'opération «Barkhane», qui se déroule en partenariat avec les cinq pays de la bande sahélo-saharienne, est prévu ce week-end à N'Djaména, lors de la visite de François Hollande au Tchad. Son centre de commandement sera basé dans la capitale tchadienne.
Selon le ministère de la Défense français, l'opération «Barkhane» bénéficiera d'importants moyens : 20 hélicoptères, 200 véhicules blindés, 10 avions de transport, 6 avions de chasse et 3 drones.