Migration irrégulière : attention aux dangers
11 juillet 2023Combien de migrants sont-ils morts sur la route de l'exil en direction de l'Europe, en traversant le Sahara ou la mer Méditerranée ? Selon les estimations, environ 30.000 morts depuis 2014, mais il ne s'agit que des personnes noyées en mer car personne ne connait le nombre de migrants décédés dans le désert, et on estime que ces chiffres sont encore supérieurs aux pertes en mer.
Fin juin, plus de 300 migrants ont quitté les côtes sénégalaises en direction des îles Canaries et leurs familles n'ont plus de nouvelles d'eux depuis leur départ. Quant aux migrants qui se retrouvent bloqués en Tunisie ou en Libye, ils vivent dans des conditions déplorables.
Une route périlleuse
Ils sont des milliers de migrants africains à quitter chaque année de manière irrégulière leur pays vers l'Europe. Ils traversent la mer sur des bateaux de fortune, chargés au maximum par des passeurs sans scrupules qui peuvent réclamer jusqu'à 6.000 dollars pour un passage.
L'objectif est bien entendu de rechercher une vie meilleure, alors que la route à travers la Méditerranée, ou l'Atlantique vers les Canaries, est très périlleuse.
" Le danger, c'est de voyager dans des conditions qui ne sont pas adaptées. Vous pensez donc prendre une pirogue pour quitter Dakar, traverser l'Océan Atlantique, arriver aux îles Canaries sans danger ? Rien qu'en 2014, 2015 et 2016, il y a 15.000 personnes que nous avons recensées qui sont décédées. L'année dernière, en 2022, on a recensé 5.000 personnes qui se sont noyées. Certaines sont enterrées, d'autres sont restées dans la mer. Jusqu'à maintenant, on avoisine les 60.000 personnes qui sont mortes en mer ou dans le désert du Sahara" déplore Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais et fondateur du Réseau migration et développement, basé à Dakar au Sénégal.
Des dangers multiples
Si certains migrants échappent aux risques de la traversée du désert, de nombreux autres dangers perdurent ensuite, comme ceux que subissent les migrants ces dernières semaines en Tunisie.
Selon Sara Prestianni, est la directrice du plaidoyer à EuroMed, une ONG chargée d'aider les migrants : "Les dangers réels qu'encourent les migrants, c'est le fait d'être exposés à des déportations, des expulsions collectives sans aucune raison et d'être victimes de traitements inhumains et degradants à travers des expulsions illégales aux frontières, de pouvoir être attaqué, comme c'est arriver à beaucoup de migrants subsahariens dans la ville de Sfax et aux alentours et, de façon générale, de ne pas avoir un cadre législatif de protection dans le pays. On risque notre propre vie parce qu'on n'a pas de voie légale d'accès au territoire. Je pense que c'est ça le vrai problème".
Depuis le début l'année, plus de 1.100 migrants ont officiellement péri en Méditerranée.
Selon des dernières informations, plusieurs centaines de migrants ont été abandonnés dans le désert à la frontière entre la Tunisie et la Libye après leur expulsion de la ville de Sfax.