La presse allemande commente le retour de ses jihadistes
12 novembre 2019Un "réveil amer" pour le pays d'Amérique du Sud, titre la Süddeutsche Zeitung dans ses pages réservées aux commentaires ce mardi, en réaction à la démission d'Evo Morales. "Le président Morales parle d'un coup d'Etat contre lui. Ce n'est pas tout à fait faux, mais c'est en grande partie sa faute", poursuit le quotidien. De sa faute pourquoi ? "Parce que Morales et son parti s'enfonçaient de plus en plus dans l'autosatisfaction, (...) les postes publics étaient essentiellement occupés par des membres de son parti (...) et Morales aurait falsifié les résultats de la dernière présidentielle pour ne pas avoir à faire à un second tour", constate le journal.
Du positif aussi
Un journal qui loue pourtant aussi son action positive. "Il a dirigé son pays pendant près de quatorze ans. Des millions de personnes sont sorties de la pauvreté (...), l'économie est en croissance et il y a plus de femmes parlementaires que dans tout autre pays d'Amérique latine".
Mais le journal s'inquiète pour la suite. "C'est la faute à Morales en partie, mais en même temps l'opposition ne semble pas prête au dialogue". Inquiétude et regrets aussi dans le journal classé politiquement à gauche die Tageszeitung. "Morales a joué avec sa prétention au pouvoir. Son départ peu glorieux met en péril ce qu'il a construit sous son règne. Lui-même aurait très bien pu l'empêcher", écrit le quotidien.
Plongée dans le chaos ?
Celui-ci reproche même au président démissionnaire d'avoir utilisé le mot "coup d'Etat". Un jugement plutôt dur donc mais le journal s'inquiète à son tour pour le futur. "Les attaques des groupes d'opposition contre le drapeau coloré de la Bolivie plurinationale ne sont pas de bon augure", juge la Taz. "Alors la Bolivie va-t-elle maintenant sombrer dans le chaos ?", interroge la Frankfürter Allgemeine Zeitung. "Le départ du président ne règle rien, ses partisans se sentent trahis" et utilisent la violence, raconte le quotidien sur son site.
"Après le départ autodestructeur de l'ancien porteur d'espoir, le pays est à nouveau confronté à la question la plus latino-américaine de toutes : le rétablissement de l'ordre public, non seulement dans la rue, mais aussi dans les parlements, tribunaux et administrations. Bon courage", conclut le journal.
Retour des djiadistes en Allemagne
Et puis d'autres interrogations beaucoup plus près de Berlin dans la presse aussi ce mardi. Celles concernant le retour de combattants du djihad en Europe et notamment en Allemagne. "Ils seront neuf, dont deux enfants, d'ici la fin de semaine à revenir", explique la Süddeutsche. Des combattants faits prisonniers par la Turquie dans sa récente offensive militaire qu'Ankara renvoie donc dans leur pays d'origine.
"Berlin doit maintenant reprendre la responsabilité de ces combattants, dont elle avait essayé de se débarrasser en partie avec des fausses excuses par le passé", estime la FAZ. "Trop longtemps les Etats européens ont laissé aux milices kurdes le soin de s'occuper de ces combattants (...) malgré les demandes d'aide", enfonce la Badische Zeitung de Fribourg.
Ce qui inquiète et questionne la presse désormais, c'est comment gérer ces retours. "Sans preuve, et il y en a peu souvent, difficile de faire condamner ces combattants", explique la Märkische Zeitung de Francfort. "Il faut confier ces retours et les enquêtes à l'Office fédéral de la police criminelle (BKA) et au parquet fédéral pour condamner les personnes avec la plus grande sévérité", tranche pour terminer la Volkszeitung de Magdebourg.