La junte malienne annonce le retour à l'ordre constitutionnel
1 avril 2012L'annonce a été faite par le chef des putschistes lui-même, le capitaine Amadou Sanogo, depuis son quartier général de Kati, en banlieue de Bamako. Il s'exprimait avec, à ses côtés, Djibril Bassolé, le chef de la diplomatie burkinabè, présent dans la capitale depuis samedi pour négocier avec les mutins au nom de la Cédéao, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest les conditions d'un retour à l'ordre constitutionnel. Les voisins ouest-africains du Mali avaient donné jusqu'à demain aux putschistes pour rendre le pouvoir, faute de quoi ils s'exposeraient à un "embargo diplomatique et financier".
Promesse d'élections libres
Le rétablissement des institutions ne signifie pas pour autant le retour du président renversé, Amadou Toumani Touré. Dans son message lu à la presse, le capitaine Amadou Sanogo explique que "compte-tenu de la situation de crise multi-dimensionnelle que vit notre pays, et afin de permettre une transition dans de bonnes conditions et de préserver la cohésion nationale, (nous) décidons d'engager, sous l'égide du médiateur, des consultations avec toutes les forces vives du pays dans le cadre d'une convention nationale". Ces consultations visent, à terme, à l'organisation d'élections "apaisées, libres, ouvertes et démocratiques". La junte promet de ne pas y participer, mais ne précise pas la durée de la transition.
Déroute de l'armée dans le Nord Mali
Le revirement de la junte coïncide également avec le repli de l'armée malienne face aux rebelles touareg dans le nord du pays. En trois jours, ces derniers ont pris le contrôle de la quasi-totalité du nord-est du Mali. Après la capture de Gao cette nuit, ils se sont attaqués à Tombouctou, qui est tombée sans grande résistance. Dans l'après-midi, des témoignages faisaient état de pillages. Une personne a été tuée durant l'assaut.
L'avancée des rebelles, qui ont tiré profit de la désorganisation au sein des forces armées après le putsch le 22 mars, a été littéralement foudroyante. Depuis le début de leur offensive mi-janvier, ils contrôlaient déjà une grande partie du nord-est malien et du massif des Ifohras, territoire traditionnel des Touareg le long de la frontière algérienne. Ces trois derniers jours, ils ont pris le contrôle des principales villes du nord-est qui leur échappaient encore, Kidal, Ansongo, Bourem, et Gao. Plusieurs groupes armés prennent part à l'offensive. Le principal est le Mouvement national pour la Libération de l'Azawad (MNLA). À ses côtés, le groupe islamiste Ansar Dine du chef touareg Iyad Ag Ghali, a été le principal artisan de la prise de Kidal. Selon certaines sources et malgré les démentis du MNLA, des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique seraient également présents. Le "Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest" (Mujao), une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, a notamment revendiqué sa participation à l'attaque de Gao.
Auteur : Anne Le Touzé (avec AFP, Reuters)
Édition : Ali Farhat