Goma : des dépouilles entassées dans un hôpital militaire
13 septembre 2023Deux semaines après le drame, le processus d'identification des cadavres par l'armée congolaise et les membres des familles des victimes du carnage du 30 août, qui a fait plus de 50 morts, a débuté ce mardi (12.09) à la morgue de l'hôpital militaire du camp Katindo de Goma. Mais l'état de détérioration des corps n'a pas permis à chacun de reconnaître ses proches. Francis Mwengehere est à la recherche du corps de son oncle paternel.
"Je suis à la morgue aujourd'hui parce qu'on m’a demandé de venir chercher les corps de nos frères décédés le 30 août dernier pour identification. J'ai perdu mon oncle paternel et après avoir vérifié à la morgue, je ne retrouve pas son corps parce que tous les corps présents ici sont en décomposition. J'ai essayé de l'identifier en fonction des vêtements qu'il portait, malheureusement je ne le retrouve pas."
Des odeurs insupportables
Il est aujourd'hui difficile de passer plus d'une heure à proximité de cet hôpital militaire où sont conservés les cadavres, l'environnement étant souillé par les odeurs que produisent les dizaines de corps en décomposition.
Julienne Kulimushi, habitante de ce quartier de la ville, a déjà déplacé ses enfants pour les préserver des maladies. Elle se dissimule le visage avec un masque pour atténuer les odeurs.
"Je porte un masque parce que nous souffrons beaucoup par ici. On a amené beaucoup de corps de nos compatriotes tués à Nyabushongo et Ndosho, dans une morgue incapable de les contenir tous. Ils dégagent une odeur insupportable, de sorte que nous ne pouvons plus avaler de la nourriture dans nos maisons. Nous avons déjà déplacé nos enfants plus loin, dans la cité. C'est dès le quatrième jour suivant leur décès que les corps ont commencé à dégager cette odeur grave."
Réaction de la société civile
La société civile de la ville de Goma, représentée par Marion Ngavo, son président, exige des autorités qu’elles règlent ce qui est devenu un problème de santé publique.
"Les mesures de conservation ne respectent pas les réglementations en matière de gestion de cadavres. La société civile donne donc 48 heures aux autorités pour organiser leur enterrement et essayer de désinfecter cette zone où sont gardés les cadavres qui sont maintenant en décomposition. Mais aussi pour terminer le procès (des militaires) et punir toutes ces personnes qui se sont attaquées à la population, au lieu d'aller faire leurs exercices sur les rebelles qui tuent les populations dans la province du Nord-Kivu."
Une journée ville morte a été en partie observée à Goma, ce mercredi, pour réclamer l'enterrement digne des personnes tuées par les militaires congolais il y a deux semaines.