Afghanistan : l'Otan précise son calendrier de retrait
21 mai 2012Les dirigeants des 28 pays membres de l'Alliance ont renouvelé leur soutien au calendrier établi lors de leur précédent sommet, à Lisbonne en 2010. Ce processus est "irréversible", ont-ils souligné dans leur déclaration finale. La responsabilité des opérations de combat et de sécurité sera transférée aux forces afghanes dès la mi-2013, comme le souhaite aussi le président afghan Hamid Karzaï. Et le retrait définitif des troupes de l’Isaf (Force internationale d'assistance et de sécurité) sera achevé au 31 décembre 2014. L'Otan a aussi approuvé le principe d’un nouveau mandat fixant les modalités d’assistance et de formation des forces de sécurité afghanes. Car même après le retrait du gros des troupes internationales, la communauté internationale n’abandonnera pas le gouvernement afghan à son destin dans sa lutte contre les talibans, comme l’a assuré le président américain Barack Obama à Hamid Karzaï.
La France fait cavalier seul
Maintenant, l'Alliance doit s’atteler à l’immense tâche logistique que représente le retrait des 130.000 soldats actuellement déployés en Afghanistan et le transport des montagnes de matériel militaire accumulées en dix ans de mission. Les dirigeants des 28 pays membres de l'Alliance ont appelé le Pakistan à lever le blocage des routes de ravitaillement entre le Pakistan et l'Afghanistan pour les convois de l'alliance militaire, mettant ainsi la pression sur le président pakistanais Asif Ali Zardari, invité de dernière minute à Chicago.
Le président français lui s’est démarqué de ses partenaires et a annoncé le retrait des forces françaises d’Afghanistan dès la fin de cette année. François Hollande en avait fait une promesse électorale : « J’ai expliqué au président américain Obama et aux autres chefs d’État que ce thème n’est pas négociable pour nous. C’est une question de la souveraineté française. » La chancelière allemande Angela Merkel n’a pas apprécié. Elle aurait préféré que la France rentre dans le rang et prenne les mêmes décisions que ses partenaires : « Pour nous il serait souhaitable que la France reste au sein de l’alliance de l’Isaf. »
Cette position allemande convient au président américain. Barack Obama doit aussi éviter de donner l’impression que seuls les États-Unis supportent la plus grosse part de responsabilité dans le destin de l’Afghanistan. Car il veut être réélu en novembre prochain. Le sommet a nettement laissé apparaître les divergences au sein de l'Otan, alors que subsistent de sérieux doutes quant à la capacité de l'armée afghane à assurer elle-même la sécurité du pays.
Auteur : Philippe Pognan
Édition : Sébastien Martineau