Otan en Afghanistan, le bilan
18 mai 2012
Cela fait maintenant 11 ans que les soldats allemands sont sur place en Afghanistan. A ce jour, plus de 50 d'entre eux ont été tués, de nombreux autres sont revenus blessés ou traumatisés. En 2010, la chancelière Angela Merkel avait même qualifié de « guerre » ce qui se passe en Afghanistan. Et même si la majorité de ses concitoyens ne veulent plus de cette guerre , elle n'aura pas été vaine selon le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle :
« Nous avons besoin d'une appréciation de la situation sans flatterie aucune et sans non plus omettre les progrès effectués sur place : un tiers des 8 millions d'élèves afghans sont des filles, plus de 89 pour cent de la population afghane à aujourd'hui accès à des soins de santé. Des routes ont été construites, les infrastructures améliorées – Et avant tout cela, il ya eu l'approvisionnement en eau. Les forces de sécurité afghanes ont presque atteint leur volume requis avec 305.000 hommes. »
Un bilan mitigé
Selon les estimations de l'institut allemand de recherche économique, l'Allemagne aura dépensé quelque 22 milliards d'euro à la fin de sa mission en Afghanistan en 2014. Une somme consacrée notamment à la construction de routes et d'écoles, la formation de la police et de l'armée afghane. En dépit de tout cela, la situation sécuritaire reste fragile et les populations sont très hostiles aux troupes occidentales. Faut-il pour autant parler d'échec de l'Otan en Afghanistan ? Rainer Arnold, porte-parole politique et chargé des questions de défense au SPD, le parti social démocrate :
« Dans une vallée, il y a des progrès et dans une autre il ya aussi les combats et les conflits qui ont hélas depuis 2001 augmenté dans plusieurs régions du pays. Le progrès et le recul sont donc étroitement liés. C'est une image contrastée mais nous ne devons pas faire dans le pessimisme mais dans le réalisme. »
Jürgen Stetten est le chef de la fondation Friedrich Ebert pour l'Asie. Il regrette que l'on se soit fixé des objectifs à court terme dans la guerre en Afghanistan
« Je crois que des mesures de stabilisation et la construction de la démocratie ne peuvent pas se faire en quatre ou cinq ans mais qu'il s'agit finalement d'un processus qui peut prendre une décennie ou parfois un siècle. C'est ce que nous enseigne notre propre histoire allemande et nous savons que ce n'est pas quelque chose qu'on peut mener en quelques années mais qu'il faut du temps pour que cela se réalise. »
Jürgen Stetten discerne quelques éléments positifs vers un développement démocratique. Et il constate une certaine amélioration des conditions de vie des Afghans. Cependant, si on compare ces quelques progrès aux objectifs visés au début de l'intervention de l'Otan, on est loin du compte.
Auteur : Heiner Kiesel, Georges Ibrahim Tounkara
Edition : Philippe Pognan