On parle souvent d'éducation sur le continent en parlant des grèves, des problèmes dans les écoles en ville, à la campagne, dans les universités. Mais s'il y a bien un domaine dans lequel le continent va de l'avant malgré des problèmes qui persistent, c'est celui-ci. Ce 1er mai 2019, la Deutsche Welle vous propose une émission spéciale consacrée à ce sujet.
Le professeur Basile Laetare Guissou est notre invité tout au long de ce magazine, depuis Ouagadougou. Ancien directeur de recherche en sociologie politique et professeur associé à l'université de Ouagadougou, Ministre de l'environnement et du tourisme, de l'information ou encore des relations extérieures et de la coopération après la révolution de 83, il est désormais retraité et éclaire de ses savoirs les sujets évoqués dans ce magazine.
Scolarisation des filles
Nous évoquons notamment l'un des problèmes que rencontre le continent : celui de la scolarisation des filles. Elles sont toujours moins nombreuses à l'école que leurs camarades masculins. Un problème criant en Centrafrique par exemple. Il est difficile là-bas d'avoir des chiffres, mais les derniers disponibles montraient qu'un tiers seulement des jeunes filles du pays avaient accès à l'école pour un peu plus de la moitié des garçons. Pourquoi ? Et que faire ? Benjamin Abbo notre correspondant dans le pays a posé la question aux concernés : des jeunes filles, des professeurs et un proviseur de lycée.
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Quelle langue faut-il parler à l'école ?
Français, Portugais, Anglais, langues locales ? Quelle(s) langue(s) faut-il parler dans les écoles ? Ibrahim, professeur au Burkina, témoigne sur son quotidien difficile à l'école. "Je passe mon temps à apprendre le français aux élèves plutôt que d'enseigner d'autres matières", raconte-t-il.
Grève et problèmes dans les universités
Au Niger, depuis le début de l'année, au Tchad, régulièrement, et ailleurs parfois sur le continent, les universités sont régulièrement perturbées, soit par des grèves, soit par des problèmes logistiques. Nous revenons sur ces problèmes dans la seconde partie du magazine. Reportage également au Togo, dix ans après la mise en place de la réforme LMD, très critiquée à l'époque.
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L'éducation en Afrique en quelques chiffres ...
Si des problèmes persistent, il y a aussi des améliorations dans l'éducation en Afrique. Le nombre de places d'accueil dans les écoles a par exemple plus que doublé en vingt ans, selon des chiffres de l'Unesco. Mais malgré tout cela ne suffit pas : près de 61 millions d'enfants étaient non scolarisés en primaire et dans la premier cycle du secondaire en 2017 selon les derniers chiffres disponibles. Près d'un cinquième des enfants ne vont toujours pas à l'école primaire. C'est deux fois plus que la moyenne mondiale. Mais malgré le nombre de jeunes toujours plus important sur le continent, le taux de non scolarisation reste stable.
Pour ceux qui ont accès à l'école, les études semblent mieux réussies. Si on se fie aux chiffres, il y a moins d'abandons dans le primaire et le secondaire en général. De plus de 35% d'abandon dans le secondaire au Bénin en 2005, nous sommes descendus en dessous de 30% d'après les derniers chiffres. En Côte-D'Ivoire on approche des 10% contre 15% il y a plus de dix ans.
Le nombre d'écoles a également augmenté et le nombre d'élèves par enseignant à tendance a baisser au fil des ans. Cela veut dire que les professeurs ont plus de temps pour chaque élève. Mais là encore cela cache des disparités et des inégalités. Au Tchad par exemple, malgré une amélioration depuis une petite dizaine d'années, on remarque une tendance à la hausse des élèves non scolarisés dans le secondaire.
Pour améliorer ces chiffres, il est urgent d'augmenter le nombre de professeurs formés, de donner un meilleur accès à l'école à tous en insistant sur les filles, d'améliorer les conditions d'enseignement en général. Même les économistes qui ne s'attardent que sur les chiffres et la rentabilité économique le disent : les investissements dans l'éducation sont positifs pour le futur. Ils assurent de gains de productivité et de croissance pour l'avenir. Les taux de rendements, c'est à dire les profits qu'ils apportent, pour 1 franc, 1 euro ou 1 dollar investis, sont même bien supérieurs sur le continent africain que partout ailleurs dans le monde.