Ils et elles étaient des centaines pour parler sécurité dans la capitale bavaroise du 16 au 18 février : des chefs d'Etats, des membres de gouvernements, des corps diplomatiques, des armées ou encore des experts. Tous étaient présents à l'édition annuelle de la "conférence internationale sur les politiques de défense et la sécurité mondiale" de Munich.
Il y a été question évidemment de thèmes brûlants du moment : la guerre en Ukraine, Volodomyr Zelensky était présent. De la guerre à Gaza aussi. De l'influence russe dans le monde. De réarmement en Europe.
Des représentants venus d'Afrique ou d'Asie
Sur place, ce qui interpellait notamment, c'était une des lignes directrices de ce sommet : l'idée d'un ordre mondial global. La volonté de ne plus laisser certains pays de côté. L'idée n'est pas nouvelle dans les relations internationales, mais pour une fois, les organisateurs de la conférence avaient invité des représentants de pays qui ne sont justement pas représentés d'habitude. Dans de très nombreux panels de discussions on retrouvait des représentants asiatiques, d'Amérique du Sud ou encore d'Afrique.
"Auparavant, c'était des hommes blancs âgés de 60 à 80 ans qui parlaient de sécurité pure et dure", raconte Hina Rabbani, ancienne ministre des Affaires étrangères du Pakistan. "Nous parlons toujours de sécurité pure et dure, mais nous le faisons d'une manière un peu plus diversifiée."
De quoi apporter de nouvelles idées lorsqu'on parle coopération, alliances, sécurité d'ordre mondiale. "Je pense que plus il y a de voix provenant du monde entier, plus les discussions sont passionnantes et les solutions riches", insiste une autre femme présente à cette conférence, Raychelle Omamo, ancienne ministre des Affaires étrangères du Kenya "J'aime la diversité et j'aime les idées qui sont mises sur la table et qui nous aideront à penser la sécurité différemment et dans une perspective plus globale." Raychelle Omamo était même dans l'équipe du conseil consultatif de la conférence, celui qui fixe les orientations, amenant donc des points de vue, des questions auxquelles personne n'aurait pensé auparavant.
Alimentation, eau ou santé
"Enfin", disent beaucoup. Cela serait même devenu, plus que jamais, indispensable à l'heure des crise globales, de la guerre à Gaza, en Ukraine ou des attaques informatiques au niveau mondial.
"La sécurité n'est plus la manière dont nous l'avons pensée", analyse Ambika Vishwanath, directrice d'une société de conseil en géopolitique basée à Mumbai, en Inde. "Ce n'est plus seulement la défense et l'armée. Il s'agit aussi de l'eau, de l'alimentation, de la santé humaine et tout cela est interconnecté. Bien sûr, il y a des souffrances dues au conflit, mais il y a divers autres aspects, d'accord." Et d'évoquer les changements climatiques ou la question des resources en eau. "Si on se contente d'avoir le même genre de discussion avec plus de monde on ne va pas avoir de changement à long terme, parce que ce dont on parle n'a pas vraiment changé."
Droits humains
Alors comment changer le fond des discussions ? "Il faut réussir à imposer ses thèmes", disent beaucoup, même si cela n'est pas simple. Beaucoup saluent la diversité qui semble s'améliorer aussi donc. Mais même de ce côté là, ce n'est pas simple. A Munich par exemple le week-end dernier, les organisateurs disaient ne pas vouloir inviter de représentants de régimes répressifs. Il n'empêche que tous ceux qui étaient présents n'étaient pas tous des démocrates blancs comme neige...
Dans les allées du salon, Saskia Bruysten, fondatrice d'une entreprise à but non lucratif avec le Prix Nobel de la Paix 2006 Muhammad Yunus, pestait contre la présence de la première ministre du Bangladesh. "Je trouve important que des gouvernements du Sud global soient représentés ici, mais il est aussi choquant que quelqu'un comme Sheikh Hasina, la première ministre du Bangladesh, soit ici sur la scène et qu'on l'applaudisse alors qu'elle met en prison son seul prix Nobel de la paix, Mohammad Yunus."
Ainsi, comme d'autres, elle est convaincue que seule la diversité dans la représentation ne suffira pas à améliorer les relations internationales et rendre plus juste la coopération entre les Etats au niveau mondial. Il faut que des thèmes comme ceux des droits humains s'imposent. C'est un des points sur lequel insistent beaucoup.
En Allemagne, le quotidien de gauche "die tageszeitung" allait dans le même sens à la fin de la conférence : "La mission première de la politique ces derniers temps semble être l'ouverture de nouvelles usines d'armement", écrivait le journal. "Qui pour se faire le porte-voix d'un débat sur le désarmement, et non vers le réarmement ? (...) C'est sûrement naïf, mais dans le même temps, cela n'a jamais été aussi indispensable depuis la fin de la guerre froide." Pas certains que les nouveaux invités des conférences sur la sécurité mondiale se fixent cet objectif-là... Mais au moins arriveront-ils peut-être à faire éclore et imposer bientôt d'autres idées.
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L'Italie en lutte contre les féminicides
En seconde partie, Vu d'Allemagne est en Italie. Depuis cet hiver, la question des violences faites aux femmes et des féminicides s'est installée dans le débat public. Le sujet a pris de l'ampleur après le meutre d'un étudiante de 22 par son ancien petit-ami en fin d'année dernière.
Giulia Cecchettin est devenue le visage des féminicides en Italie. Depuis son enterrement en décembre dernier, le sujet est omniprésent, s'invitant sur les scènes de concert, dans les théatres et une partie de la société. Cecile Debarge est retournée dans la ville où avait eu lieu ce drame : Padoue. Des associations luttent là-bas tous les jours contre les violences faites aux femmes.
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