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Un sursaut républicain après les régionales en Allemagne ?

2 septembre 2019

Le chercheur Klaus-Peter Sick estime que le "choc" des résultats obtenus par l'AfD en Saxe et dans le Brandebourg vont contraindre SPD et CDU à revoir leur stratégie.

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Deutschland - Deutscher Bundestag
Image : picture-alliance/chromorange/SPA

'Les partis au pouvoir vont devoir réagir' (Klaus-Peter Sick, Centre Marc Bloch) - MP3-Stereo

Près d'un Saxon et d'un Brandebourgeois sur quatre ont voté pour l'AfD, le parti d'extrême-droite, lors des élections régionales de dimanche en Allemagne. Un coup de semonce pour les deux partis au pouvoir au niveau fédéral, la CDU d'Angela Merkel (droite modérée) et le SPD (parti social-démocrate).

Bien que reconduites en tête du scrutin, leur liste respective en Saxe et dans le Brandebourg sont désormais talonnées par l'AfD qui redistribue les cartes du jeu politique allemand.

Cliquez sur la photo ci-dessus pour entendre l'analyse de Klaus-Peter Sick, chercheur au Centre Marc Bloch à Berlin.

 ***

Klaus-Peter Sick: On a traditionnellement dit qu’il y avait un parti protestataire, celui de la gauche: die Linke., qui correspond pour certains à l’ancien parti communiste de l’époque d’avant la chute du Mur.

L’AfD est en train de récupérer cette fonction d’articulation, de représentation d’Allemands de l’Est insatisfaits dans l’Allemagne réunifiée. Mais 50% [des électeurs de l’AfD] seraient quand même convaincus par le programme du parti.

C'est ce que veut dire, je pense, [Andreas Kalbitz] la tête de liste dans le Brandebourg quand il dit "il faut compter dorénavant avec notre présence dans la durée".

Donc, oui, certains ont l’impression d’être aliénés dans une société qui se modernise, qui a accueilli, en 2015, un million de réfugiés, un sentiment d’insécurité – c’est très important – un sentiment de criminalité et le besoin d’un homme fort à la Poutine, et, pour certains, le système politique russe reste un modèle.


DW : Pensez-vous que le "choc" de ces scores élevés de l’AfD sera suffisant cette fois-ci ? Parce que si on fait les mêmes analyses à chaque fois…

Klaus-Peter Sick: Non, cette fois, je pense qu’il y a quelque chose de changé : si on veut que l’Allemagne reste républicaine, il faut vraiment lutter pour défendre ce que les Allemands ont conquis, et les Allemands de l’Est aussi ont conquis il y a près de trente ans, c’est-à-dire un système parlementaire de libre expression, de liberté.

Il y a une sorte de sursaut parce qu’on observe aussi un affaiblissement, pas dramatique mais tout de même important, des partis républicains au pouvoir – le parti chrétien-démocrate et le parti social-démocrate qui forment la coalition au niveau fédéral.

Des propos recueillis par Sandrine Blanchard