Un temple hindou sur les ruines d'une mosquée en Inde
5 août 2020
C’est l’aboutissement d’une lutte de près de trente ans : le premier ministre indien inaugurait aujourd’hui le chantier de construction d’un temple hindou, à Ayodhya. La pose de cette première pierre cristallise les tensions entretenues par la politique du chef du gouvernement Narendra Modi entre les nationalistes hindous et les musulmans du pays. Et ceci d’autant plus que cette date coïncide avec celle du premier anniversaire de la révocation de l’autonomie du Cachemire indien, une région à majorité musulmane.
Les nationalistes hindous jubilent : enfin, leur temple va voir le jour à Ayodhya. La cour suprême a autorisé le chantier après des années de procédures. Les musulmans pour leur part sont opposés à cette construction : le site prévu pour le temple était en effet celui d’une mosquée du XVIe siècle, détruite en 1992.
Cette destruction avait provoqué des affrontements entre les deux communautés à l’époque, qui s’étaient soldés par près de 2.000 morts.
Cet épisode avait été le point d’orgue d’une campagne de fanatiques hindous lancée dans les années 1980 contre les musulmans qu’ils voulaient chasser de la ville.
Un temple dédié à Ram
Le nouveau temple s’ajoutera aux 7.000 que compte déjà la ville. Il sera dédié au dieu Ram, censé être né ici – et qui est l’une des principales figures de l’hindouisme puisqu’il s’agirait d’une incarnation du dieu Vishnu.
Bandaru Dattatreya Hosabale, secrétaire général du parti nationaliste hindou RSS, y voit un "devoir" des autorités : "La construction du temple à Ayodhya n’est pas seulement un acte religieux. Elle s’inscrit dans la culture de notre pays. Les opposants à ce nouveau temple ne comprennent pas cela, ils défendent le sécularisme. Le gouvernement, représentant du peuple, a l’obligation culturelle de bâtir ce temple à Ram.
Le premier ministre Narendra Modi a joué sur les tensions religieuses lors de sa campagne électorale en faveur d’une hégémonie hindoue.
Lors du dernier recensement de 2011, l’Inde comptait 160 millions de musulmans et 28 millions de chrétiens pour une population totale de plus d’un milliard d’habitants.
L’opposition et des intellectuels de gauche craignent, comme le député et écrivain Shashi Tharoor, une remise en cause de la laïcité de l’Etat. "S’ils mènent le projet jusqu’au bout, ce sera une trahison de tout le combat de Gandhi, Nehru et beaucoup d’autres pour la liberté", estime-t-il.
A peine 200 personnes étaient invitées à la cérémonie, pour cause de coronavirus. Plusieurs membres du gouvernement indien ont été testés positifs. L’Inde a le taux de contamination le troisième plus élevé au monde après les Etats-Unis et le Brésil.