Un Rwandais devant la justice allemande
18 janvier 2011L'homme dont le procès vient de s'ouvrir à Francfort s'appelle Onesphore Rwabukombe, il a 54 ans et il était, au moment du génocide, maire de la commune de Muvumba, dans le nord du Rwanda. La justice allemande l'accuse d'avoir ordonné et coordonné, entre le 11 et le 15 avril 1994, trois massacres de tutsis qui avaient trouvé refuge dans des églises. Ces trois massacres avaient fait 3.730 morts.
Dix-sept ans plus tard, l'ouverture de ce procès est l'aboutissement d'une longue histoire. Pour l'inculpé, elle commence fin avril 1994. Onesphore Rwabukombe fuit alors le Rwanda avec sa femme. D'abord par la Tanzanie, puis le Zaïre et le Congo-Brazzaville, avant d'arriver en Allemagne en 2002.
Rwabukombe parle couramment l'allemand. Dans les années 80, il a fait des études d'ingénieur à Trêves. En 2007, le couple et leurs enfants obtiennent l'asile politique. Mais le répit sera de courte durée. Car cette année-là, le nom d'Onesphore Rwabukombe apparaît sur la liste d'Interpol et sur celle des génocidaires présumés recherchés par la justice rwandaise. Kigali délivre un mandat d'arrêt contre lui.
Une cinquantaine de témoins convoqués
En avril 2008, Rwabukombe est arrêté, puis remis en liberté sept mois plus tard. La justice allemande refuse de l'extrader vers le Rwanda par crainte d'un procès inéquitable. Il est trop tard aussi pour le livrer au Tribunal pénal international pour le Rwanda d'Arusha, qui a encore beaucoup de procès sur les bras. A partir de ce moment-là, c'est donc la justice allemande qui mène sa propre enquête, y compris au Rwanda. Depuis le mois de juillet 2010, Rwabukombe est de nouveau en prison.
La première audience, mardi, a été brève. Elle a été consacrée à la lecture de l'acte d'accusation. Prochaine audience : le 25 janvier. 52 témoins, dont des survivants du génocide, sont convoqués à Francfort pour ce procès qui devrait durer jusqu'en octobre.
Auteur : Marie-Ange Pioerron
Edition : Fréjus Quenum, Sébastien Martineau