Vers une réduction coordonnée de la consommation de gaz
26 juillet 2022La décision des ministres de l'Energie, permet ainsi à l’UE de voler au secours de certains pays comme l'Allemagne, après une nouvelle baisse constatée des livraisons de gaz russe. Le géant russe Gazprom l’a en effet annoncé lundi : il réduira dès, mercredi, à 20% du débit normal ses livraisons quotidiennes à l'Europe via le gazoduc Nord Stream. La raison évoquée pour justifier cette décision : la nécessité de maintenance d'une turbine. Une raison à laquelle le gouvernement allemand a déclaré qu’il ne croyait pas.
C’est donc dans ce contexte que les ministres de l'Energie de l'UE se sont accordés sur une stratégie de réduction de la consommation de gaz au sein de l’Union. Si ses grands principes sont préservés, le plan proposé la semaine dernière par la Commission a toutefois été profondément remanié, fait-on savoir à Bruxelles.
Critiques et remaniements
Il est toujours demandé à chaque pays de faire "tout son possible" pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.
En cas de "risque de grave pénurie", un mécanisme d'alerte rendra "contraignante" pour les 27 la réduction de 15%. Un objectif qui sera toutefois adapté aux réalités de chaque pays.
Si un consensus semble avoir été trouvé, la réduction contraignante de 15% de la consommation avait suscité tout de même des critiques. Car il s’agit, si le besoin se fait sentir, de mutualiser l'effort pour aider des pays comme l'Allemagne, très dépendante du gaz russe.
Une perspective qui était loin de réjouir plusieurs pays, notamment ceux d'Europe du Sud, dont l'Espagne, qui n’ont pas oublié les plans de rigueur imposés par Berlin après la crise financière de 2008. La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, avait jugé le plan "injuste" et dénoncé un manque de concertation de la Commission.
Des critiques qui ont finalement été prises en compte. Ce sera donc finalement le Conseil de l'UE, représentant les Etats membres, et non la Commission, qui décidera de la mise en œuvre éventuelle des objectifs contraignants.
L'accord prévoit par ailleurs des exemptions pour les Etats, notamment insulaires, qui ne sont pas interconnectés aux réseaux de gaz des autres pays ou pour ceux qui ont dépassé leurs objectifs de remplissage des réservoirs de gaz. Il réduit aussi l'objectif d'économie des pays dont les interconnections sont limités ou qui ont besoin du gaz pour certaines "industries critiques".
Mais face à la menace des éventuelles répercussions d’un choc économique en Allemagne, première économie européenne sur l'ensemble des pays de l’Union, la solidarité s’est semble-t-il imposé. Seul la Hongrie a dénoncé s'est opposé au texte, adopté à la majorité qualifiée. Le plan de l’UE, s’il devait être appliqué, sera contraignant pour des pays comme la France ou l'Espagne à l'abri d'une rupture des approvisionnements russes grâce à leurs politiques énergétiques.
En Allemagne, face à la menace d’un déficit en gaz, la question de se tourner vers l'énergie nucléaire, en principe bientôt abandonnée, est de moins en moins tabou. Un report de la fermeture programmée des centrales nucléaires n'est plus désormais exclu. Lundi, le gouvernement allemand a indiqué qu'il trancherait cette question "dans les prochaines semaines".