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Tchad : Les sièges de l'opposition encerclés par la police

Blaise Dariustone
5 novembre 2020

Les riverains sont inquiets de la présence policière autour des sièges des partis d'oppositions et des organisations de la société civile. Ils se disent exaspérés par cette situation.

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Des éléments de la Police devant le siège du parti Les Transformateurs, à N’Djaména
Des éléments de la Police devant le siège du parti Les Transformateurs, à N’DjaménaImage : Blaise Dariustone/DW

Depuis jeudi (29.10.2020), la police a encerclé les sièges de plusieurs partis d'opposition et les domiciles de certains hommes politiques pour empêcher l’organisation prévue d’un forum citoyen. Le reportage de notre correspondant à N'Djaména.

Au quartier Klemat Deux Châteaux, dans la commune du 4e arrondissement de N’Djaména, nous sommes à quelques mètres du domicile de l’opposant Mahamat Ahmat Alhabo, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement.  

Mahamat Ahmat Alhabo, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (au centre)
Mahamat Ahmat Alhabo, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (au centre) Image : Blaise Dariustone/DW

À l'entrée nord comme sud, quatre véhicules remplis de policiers sont stationnés. Une présence inhabituelle qui inquiète les habitants du quartier. C’est le cas de Mahamat Saleh.

"Depuis une semaine, on vit vraiment dans la peur. Tout le quartier est bourré de militaires. Quand tu reviens de quelque part, il faut d'abord donner des explications aux forces de l'ordre avant qu’elles ne te laissent rentrer chez toi.  Même les enfants ont peur de sortir à cause de la présence des policiers. C'est vraiment inadmissible ce qui se passe."

Au quartier Habbena, dans la commune du 7e arrondissement, c'est la même situation pour les riverains du siège du parti Les Transformateurs de l’opposant Succès Masra, encerclé par la police.

Le siège du Parti les Transformateurs, à N’Djaména, est encerclé par la police depuis une semaine
Le siège du Parti les Transformateurs, à N’Djaména, est encerclé par lapPolice depuis une semaineImage : Blaise Dariustone/DW

"Cela fait plus de sept ans que je vis dans ce quartier, je n'ai jamais vu un événement pareil. On ne peut pas sortir tranquillement. Qu'on soit membre de ce parti ou pas, le fait d'être voisin du siège fait qu’on est mal vu. On est soumis à des interrogatoires à longueur de journée. Je suis sidéré par ce comportement", témoigne, Germain, l’un de ses riverains.

Favoritisme

Pendant que les sièges des partis d'oppositions sont interdits d’accès, les militants du parti au pouvoir, le MPS, multiplient pour leur part les réunions à leur siège. 

Un favoritisme que dénonce Alexis Passoua, chargé de communication de l’Union nationale pour le développement et le renouveau de l’opposant Saleh Kebzabo.

Le reportage de Blaise Dariustone à N’Djaména

"J’ai mon bureau au siège du parti mais aujourd'hui quand je suis arrivé pour garer ma moto, on m’a dit tu n'as pas accès. J'ai demandé pourquoi, on m’a dit non tu n'as pas accès. C’est l’ordre qu’ils ont reçu donc il a fallu que je reparte. Même dispositif chez le président Saleh Kebzabo. Pourtant je viens de la ville et j'ai vu le siège du parti au pouvoir MPS bondé de monde. Pourquoi seulement les partis politiques de l'opposition ? Nous sommes dans un pays de non droit", déplore-t-il.

Mardi dernier, le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Djidda Oumar, qui s’est rendu aux sièges et domiciles des leaders d'opposition placés sous surveillance policière, a appelé le gouvernement tchadien à lever cet état de siège. 

C’est une violation des droits de l'homme  a-t-il indiqué. Un appel qui jusque-là n'a pas été entendu.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais