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Les étudiants de l’Ucad exigent des cours en présentiel

Robert Adé
14 novembre 2023

Les cours vont encore se poursuivre à distance à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au moins jusqu'en janvier prochain. Ainsi en a décidé le Conseil pédagogique.

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L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2009
Les étudiants dakarois poursuivent les cours à distance depuis plusieurs moisImage : DWS. Blanchard

L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est fermée depuis les violences de juin dernier, au cours desquelles plusieurs infrastructures et équipements universitaires avaient été saccagés. Aujourd’hui, de nombreux étudiants et enseignants réclament la réouverture de l’Ucad et certains soupçonnent une volonté d’éviter de nouveaux troubles avant le scrutin présidentiel de février prochain.

De jour comme de nuit, des agents de sécurité privée, postés devant les entrées principales de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, filtrent les accès aux campus pédagogique et social.

Condamnation de l’opposant Ousmane Sonko

Le campus social sert à l’hébergement des étudiants venus de l’intérieur ou qui sont en situation difficile. 

Début juin, les portes de l’Ucad ont été fermées suite aux violentes manifestations qui ont suivi la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko.

Elles resteront encore fermées jusqu’au mois de janvier prochain, a annoncé le rectorat dans un communiqué.

Ces étudiants sont mécontents et déçus.

"Je devais soutenir cette année, faire mes examens mais au moment où on programmait les examens, on a fermé l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Du coup, les examens ne peuvent plus se faire. Je suis en train de perdre du temps carrément", regrette sur la DW Coumba Kane, étudiante en troisième année à l’Ucad.

"Personnellement, je suis devenu un chômeur ambulant parce que je ne fais rien de mes journées. Je suis devenu un fardeau pour ma famille, pour mes parents", raconte Antoine Tony Diatta, étudiant en deuxième année. 

Colère des enseignants  

La décision de la fermeture prolongée de l’Ucad est contestée par les principaux syndicats d’enseignants.

"Je suis devenu un fardeau pour ma famille" (Antoine Tony Diatta, étudiant)

El Hadji Malick Youm, secrétaire général national du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (SAEMSS), explique ainsi que "la réouverture du campus pédagogique en janvier pose problème ! Pendant cette période, les enseignements apprentissages ne vont pas se dérouler. Et cela se fera au détriment d’un bon déroulement de l’année académique 2023-2024."

"Pour nous, les étudiants auraient même dû reprendre leurs enseignements apprentissages depuis le mois de septembre parce qu’ils doivent d’abord exécuter le second semestre avant de démarrer la nouvelle année académique."

Mais pourquoi maintenir les portes de l’Ucad fermées jusqu’au mois de janvier prochain ? Le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal soupçonne la direction de l’université de vouloir éviter tout risque de troubles avant l’élection présidentielle du 25 février 2024.

El Hadji Malick Youm estime que "Nous, en tant que communauté, en tant que syndicat, sommes totalement contre la stratégie du gouvernement qui n’est rien d’autre pour nous qu’un dilatoire qu’ils ont introduit pour essayer de retarder considérablement et carrément le démarrage des enseignements et apprentissages. Le temps, en tout cas, d’aller vers les élections présidentielles et aussi de dérouler leur jeu. Ce que nous dénonçons et condamnons avec la dernière rigueur."

Des étudiants à la rue

Le coordonnateur des instituts et écoles de l’Université Cheikh Anta Diop exige ainsi la reprise des cours en présentiel et rappelle que la fermeture du campus social pousse certains étudiants à dormir dans la rue.

L’opposant Ousmane Sonko s’exprime au cours d’une manifestation à Dakar (08.06.22)
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a fermé depuis la répression des manifestations pro-SonkoImage : Seyllou/AFP

Ibrahima Ndoye, Coordonnateur des Instituts et Ecoles de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, indique que "Si toutefois, ils décident de fermer le campus social pour des raisons politiques et d’éviter le regroupement d’étudiants au sein de ce campus-là, ils vont provoquer une situation de précarité extrême pour ces étudiants parce que nous allons passer nos nuits au niveau de la corniche, des ruelles du Point E, Amitié, Fann, Colobane, parce que notre seul souhait, c’est de reprendre les cours en présentiel".

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar compte environ 93.000 étudiants dont un tiers logent au niveau du campus social. 

En attendant la reprise des activités pédagogiques en présentiel, les salles de cours sont vides et le célèbre Couloir de la mort, une rue connue pour son affluence, est désormais déserte. L’université est toujours en chantier.   

Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais