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L'angoisse des femmes de migrants sénégalais disparus

Robert Adé
2 octobre 2023

Quand des personnes migrantes disparaissent, leurs proches sont confrontés non seulement à la tristesse, mais aussi à de nombreuses difficultés.

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Des pirogues et quelques personnes sur une plage de Dakar, en juin 2023 (illustration)
La mer engloutit parfois des migrants et leurs proches restent seuls avec leur tristesseImage : Zane Irwin/AP Photo/picture alliance

La marine sénégalaise a intercepté, depuis jeudi dernier, plus de 600 migrants en partance pour l'Europe. Le dernier arraisonnement date de samedi dernier [30.09.2023] avec plus de 250 personnes interceptées.

La marine sénégalaise a multiplié les opérations en direction des migrants clandestins ces dernières semaines. Elle aurait ainsi stoppé le voyage de près de 2.000 migrants depuis le 1er juillet, selon un décompte établi à partir des informations publiées par la marine sur les réseaux sociaux.

Ce sont souvent les jeunes hommes qui partent, mais les femmes sont aussi, et d'une autre manière, victimes de l'émigration irrégulière. A Mbour, au Sénégal, nombre d'entre elles ont perdu un proche parent, un fils parfois, disparu en mer. Certaines attendent le retour de ceux qui sont encore en vie et avec qui elles échangent au téléphone.

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"Son téléphone sonnait dans le vide"

Aminata n'a toujours pas de nouvelles de son fils âgé de 19 ans. Cela fait trois mois qu'il a discrètement pris la mer à bord d'une embarcation, destination l'Espagne. Selon sa mère, il figurerait parmi les émigrants toujours portés disparus dans l'Atlantique, au large des Canaries : "J'ai perdu mon enfant en mer, déclare-t-elle. Je n'étais pas au courant quand mon fils est parti pour rejoindre l'Espagne. J'ai demandé pour mon fils et ils m'ont dit qu'il est parti en mer. Je l'ai appelé, mais il n'a pas répondu. Son téléphone sonnait, mais il ne répondait pas.''

A chaque femme sa peine. Codou Boye vit en famille avec sa coépouse et leurs enfants. Elle supporte difficilement l'absence de son mari, bloqué en Espagne depuis trois ans.

‘'Depuis qu'il est parti, la vie n'est pas facile parce qu'il n'a pas encore eu ses papiers et nous, on se débrouille comme on peut, témoigne Codou Boye. Parfois, nous ne parvenons pas à satisfaire les besoins de nos enfants. Ici, on voit que la vie n'est pas facile et tu ne peux pas aller mendier ailleurs. On ne sait pas ce qui peut lui arriver ou bien combien de temps pourra-t-il encore rester là-bas ?"

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L'accompagnement par les Ong

Sur le terrain, des organisations de lutte contre l'émigration irrégulière accompagnent les familles de disparus. Elles sensibilisent les pêcheurs et les piroguiers sur les conséquences de ces départs pour ceux qui restent. Mouhamadou Moustapha Fall, membre de l'Association nationale des partenaires migrants (ANPM), raconte que "beaucoup de jeunes" de Mbour ont disparu cette année : ‘C'est très difficile. C'est pourquoi nous essayons d'accompagner les veuves, les femmes qui ont perdu leurs fils parce qu'ils étaient les seuls qui apportaient de l'argent, qui conduisaient la pirogue, qui amenaient le poisson. Donc c'est à travers ces pirogues qu'on faisait vivre la famille. Maintenant, tout cela est parti.''

L'Association nationale des partenaires migrants, basée à Mbour, lance un appel à l'aide aux organisations internationales qui accompagnent le Sénégal afin de convaincre les jeunes de rester chez eux, à travers de petits projets économiques.

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Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais