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Sans le Niger et le Burkina, est-ce la fin du G5 Sahel ?

4 décembre 2023

Après le Mali, les gouvernements de transition du Burkina et du Niger ont annoncé leur retrait de la force antiterroriste du G5 Sahel.

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G5 Sahel
Image : Michele Cattani/AFP/Getty Images

Ce nouvel épisode va fragiliser davantage encore le G5 Sahel.

Les succès militaires sur le terrain de cette organisation ont déjà été fortement critiqués par les trois pays concernés depuis les coups d'Etat qui y ont amené des militaires au pouvoir.

Et leur retrait du G5 était prévisible : d'abord, le G5 Sahel a toujours eu des problèmes de financement, malgré des promesses qui se chiffraient à 423 millions d'euros. Ensuite, les dirigeants des Etats du Sahel qui avaient signé la mise en place du G5 Sahel il y a neuf ans, ne sont plus aux affaires.

"Ce n'est pas une surprise"

Et depuis 2014, la situation sécuritaire dans le Sahel s'est fortement dégradée, donc la structure n'a pas atteint son objectif premier. C'est ce qu'estime aussi Grit Lenz, Coordinatrice du réseau Fokus Sahel, à Berlin.

"Depuis quelque temps, voire quelques années, il y a un dysfonctionnement du G5 Sahel, on peut même s'interroger si ça n'a jamais vraiment bien fonctionné, donc ce n'est pas une surprise. Tous les observateurs sont unanimes sur le fait que les racines des violences que l'on voit dans la région ne peuvent être comblées par la violence et les actions militaires uniquement. C'est clair que les résolutions doivent être civiles", déclare à DW Grit Lenz.

Les ex-présidents Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Idriss Déby du Tchad, et l'actuel président de la Mauritanie Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazouani.
Les ex-présidents Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso et Idriss Déby du Tchad ne sont plus au pouvoir.Image : Bourema Hama/AFP/Getty Images

Dans leur communiqué conjoint, les militaires au pouvoir au Burkina Faso et au Niger, dénoncent je cite "les lourdeurs institutionnelles et des pesanteurs" qui ont fini par les amener à quitter l'organisation.

Un argument qui ne convainc pourtant pas Sahanine Mahamadou, ex-conseiller du président nigérien déchu, Mohamed Bazoum. 

"Nos militaires, nos apprentis sorciers qui sont actuellement au pouvoir à Niamey, ils prennent exemple sur tout ce qui se passe au Mali. S'ils quittent le G5 Sahel, nous savons tout simplement que cela leur vient du Mali. Ce que font aujourd'hui le Mali et le Burkina, c'est cela leur dicte leur ligne de conduite", insiste ex-conseiller du président nigérien déchu.

Quid de l'Alliance des États du Sahel ?

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger évolueront désormais au sein de l'Alliance des États du Sahel. Une structure créée le 16 septembre dernier mais dont l'on n'ignore à la fois le budget prévu et les sources de financement envisagées.

Cela dit, le journaliste et analyste politique malien, Sékou Tangana pense que les autorités des trois pays sont déterminées à autofinancer cette nouvelle organisation. 

"À court terme, cela peut paraître impossible, mais on est très surpris par la confiance que manifestent les autorités de ces trois pays. Elles disent que les trois nations de l'Alliance des États du Sahel sont riches en minerais de toute sorte et que l'exploitation de ces ressources n'est nin à moyen terme, ni à court terme", Selon Sékou Tangana. 

Un soldats de l'opération Barkhane au Mali
Des soldats de l'opération G5 Sahel n'ont pas pu repousser définitivement le terrorisme au SahelImage : Philippe De Poulpiquet/MAXPPP/dpa/picture alliance

Et ce retrait du G5 Sahel est aussi un signal fort à l'endroit des partenaires internationaux. C'est l'avis de l'analyste politique tchadien Ahmat Djamil.

"C'est aussi un signe qui est envoyé à la communauté internationale pour dire que voilà, il y a quelque chose qui n'a pas marché". Il y a une insatisfaction de certains États parce que c'est comme s'il y a un dialogue de sourds. De l'autre côté, les partenaires qui disent que nous avons aidé ces États, et aujourd'hui, c'est comme ça qu'on nous remercie en quelque sorte."

Au-delà des opérations militaires qui étaient l'une des principales missions du G5 Sahel, il y a aussi la composante développement local et communautaire qui n'était pas non plus assez visible sur le terrain pour rendre le G5 Sahel populaire auprès des habitants de la région.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent