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De nouvelles manifestations annoncées au Sénégal

Robert Adé
13 mars 2023

​​​​​​​Les opposants au président Macky Sall et des défenseurs des droits dénoncent un recul des libertés à l'approche de l'élection présidentielle de février 2024.

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Senegal I Manifestant qui s'apprête à jeter une pierre (archive de mars 2021, manifestation contre l'arrestation d'Ousmane Sonko)
La tension est telle que certains Dakarois craignent que la situation ne dégénère comme en mars 2021, lors de l'arrestation de l'opposant Ousmane SonkoImage : Seyllou /AFP/Getty Images

Arrestations de journalistes, interdiction de manifestations et des accusations d'instrumentalisation de la justice : entre les acteurs politiques, la tension monte chaque jour au Sénégal, depuis bientôt deux ans.

Ces Dakarois se disent ainsi sceptiques sur l'avenir. Mané, habitant de Dakar, craint que la situation ne continue de se dégrader : ‘'Ça va être difficile parce qu'il y a beaucoup de manipulations et de mauvaise foi''.  Mame Maty Kane, étudiante à Dakar, reconnaît ne pas être "très politique" mais elle aussi note "la tension dans le pays" et déclare : "je me dis simplement que si on ne fait pas attention, la situation risque de dégénérer.'' 

Arrestations préventives

Pour Souleymane Gueye, membre du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine, une organisation politique opposée au président Macky Sall, les sources de ces tensions sont multiples mais elles ont un dénominateur commun : la volonté supposée de l'actuel président d'être candidat pour un troisième mandat présidentiel en 2024.

‘'Aujourd'hui, il y a un manque de confiance dans le processus électoral et maintenant à propos du fichier électoral, estime Souleymane Gueye. Aussi, les candidatures d'Ousmane Sonko, Khalifa Sall, de Karim Wade, les arrestations préventives des détenus politiques… tout tourne autour de la question du troisième mandat. C'est vraiment la cause à la racine.''

Senegal I Un homme sur un balcon où est accrochée une banderole contre l'arrestation d'Ousmane Sonko (mars 2021)
En mars 2021, des manifestations avaient été organisées contre l'arrestation d'Ousmane SonkoImage : Cherkaoui Sylvian/AA/picture alliance

Le rôle des patriarches

Mais au Sénégal, tout se règlerait autour d'une table et non pas dans la rue. C'est du moins ce qu'assure le juriste Alimou Barro qui pense que "le Sénégal est un cas extrêmement particulier en Afrique". Selon lui, "quelle que soit la tension sociale, en une fraction de secondes, tout peut se remettre en ordre parce qu'on a des patriarches. La tension, ce sont deux facteurs, ce n'est pas beaucoup. C'est une déclaration de ne pas être candidat et deuxièmement, de laisser tout le monde participer à l'élection présidentielle. C'est tout. Il n'y a pas d'autres choses.''

Youssoupha Diaw, ressortissant de Podor, croit lui aussi au pouvoir de médiation des religieux. Pour lui, ‘'la seule chose qui reste c'est l'appui de nos guides religieux qui vont faire la médiation avec le président Macky Sall". Youssoupha Diaw estime que "les opposants aussi doivent sensibiliser leurs militants dans le changement de discours. On peut être contre un système ou un régime mais avec un discours convaincant, des arguments, et non des injures ou juste en appelant à la bagarre", déclare-t-il.

Dakar s'apprête donc à vivre, à partir de ce mardi 14 mars 2023, une nouvelle série de mouvements de protestations.

Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais