Rififi électoral en Afghanistan
8 juillet 2014Devant une foule de plusieurs milliers de ses partisans à Kaboul , Abdullah Abdullah a juré qu'il n'accepterait pas le résultat. « Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais ». Car selon l'ex-chef de la diplomatie qui avait de loin remporté le premier tour début avril, le résultat annoncé par la commission électorale serait le fruit de fraudes massives. Avant même la publication de ces résultats par la commission, Abdullah avait annoncé qu'il ne les n'accepterait pas. Il avait parlé de manipulations et de bourrages d'urnes en faveur d'Ashraf Ghani dès la clôture du second tour du 14 juin.
Risque de chaos
Des observateurs nationaux et internationaux ainsi que de nombreux Afghans craignent que ce processus électoral ne plonge le pays dans le chaos, voire dans des violences communautaires, notamment entre Tadjiks au nord, fidèles à Abdullah, et Pachtounes au sud et à l'est dans le camp Ghani.
Malgré ses reproches formulés à l'adresse du camp adverse, Abdullah Abdullah a assuré qu'il ne voulait pas semer le trouble. «Nous voulons conserver l'unité nationale et la dignité de l‘Afghanistan, a-t-il assuré. « Nous ne voulons pas de guerre civile, nous ne voulons pas de crise. Nous voulons la stabilité et non la division ». Par ailleurs, une commission spéciale a été chargée d'examiner toutes les plaintes et reproches concrets formulés par Abdullah et ses partisans. Les résultats officiels définitifs doivent être publiés le 24 juillet prochain.
Résultats trop rapides ?
Certains observateurs ont critiqué la précipitation avec laquelle la Commission électorale a publié les résultats préliminaires et estiment qu'elle aurait du d'abord prendre le temps d'examiner toutes les plaintes. Selon Graeme Smith, expert de l'International Crisis Group à Kaboul, le gouvernement afghan du président sortant Hamid Karzai est soumis à de fortes pressions pour conclure cette élection et installer à temps une nouvelle administration gouvernementale. Celle-ci devra relever bien des défis politiques économiques et militaires alors que les troupes internationales quittent le pays.