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Mpox Fact, un outil de fact checking sur la mpox en RDC

5 septembre 2024

Alors que les premiers vaccins sont arrivés en RDC, Congo Check veut lutter contre la désinformation en lançant l'initiative "Mpox Fact".

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Schriftzug "Fakt oder Fake" als Symbolfoto
Image : S. Ziese/blickwinkel/picture alliance

Les premières doses de vaccins contre la mpox sont arrivées en République démocratique du Congo, épicentre de la maladie qui a déjà tué plus de 650 personnes depuis le début de l'année. Si l'arrivée des vaccins est une bonne nouvelle pour le pays, la lutte contre la désinformation reste un autre défi. C'est justement pour cette raison que Congo Check a initié une campagne de vérification des faits. L'information juste permettra aux populations de savoir comment réagir et se prémunir contre le virus.

Rodriguez Katsuva est cofondateur de Congo Check, il donne des précisions sur la démarche.

Écoutez ou lisez l'interview avec Rodriguez Katsuva.

 

DW : Pourquoi à Congo Check vous avez ressenti le besoin de lancer une telle initiative ? Il y a trop de désinformation autour de l'épidémie.

Oui, en effet, et c'est surtout basé sur les expériences passées. En 2018, il y a eu Ebola, qui était la deuxième pire crise d'Ebola que le monde ait connue après celle de l'Afrique de l'Ouest.

Et on a vu déjà qu'avec cette épidémie, des gens sont morts à cause de la désinformation et des fausses rumeurs.

Et puis en 2019/2020, quand il y a eu le coronavirus aussi, il y a eu des personnes qui ont refusé de se faire soigner à cause de toutes ces mauvaises croyances et fausses informations qui mettent à mal en fait toutes les initiatives pour endiguer la maladie.

Alors que la mpox a été déclaré par l'OMS comme une urgence à portée internationale, nous l'avions déjà anticipé en lançant donc mpox Fact, qui va être une initiative où on recense toutes les désinformations sur cette maladie et on donne des réponses le plus rapidement possible pour dire les vrais faits par rapport à cette situation.

Et ce qui est bien avec ça, c'est qu'on veut que les populations locales puissent s'identifier à nous, qu'ils disent voilà, il y a une initiative des Congolais, il y a une initiative locale qui va nous informer sur cette maladie parce qu'on pense que cette maladie vient d'ailleurs et qu'elle est imposée aux Africains.

Des membres du corps médical en train de sensibliser sur la mpox
La lutte contre la mpox passe aussi par la sensibilisationImage : Augustin Mudiayi/MSF/AP/dpa/picture alliance

 

DW : Justement, quelles sont les fausses informations qui circulent le plus en RDC au sujet de l'épidémie, du virus ?

Alors il y a principalement trois que nous avons pu recenser parce que nos équipes, les équipes du Congo Check, font une veille sur Internet et dans la communauté.

Le top 3, c'est que :

Un, certains disent que c'est la conséquence des vaccins de coronavirus que les gens avaient pris, donc ils disent que ce serait une conséquence de ce vaccin que les gens prenaient.

Deuxième rumeur, c'est qu'on dit que c'est une nouvelle vague de COVID-19.

Et la troisième, et c'est peut-être la plus dangereuse, c'est qu'ils disent que c'est une maladie que les occidentaux, donc les Blancs en fait, ont apporté pour exterminer les populations africaines.

Et cette rumeur, elle est dangereuse parce qu'il y a une mobilisation internationale, ce qui fait qu'il y a des experts internationaux qui viennent travailler dans les zones endémiques, donc en RDC et dans les pays autour.

Et ces personnes sont exposées parce que ce sont des personnes qui ont une autre couleur de peau.

Et quand la rumeur dit que c'est ça qui vient de ces personnes-là, alors il y a cette méfiance-là qui s'installe et ce sont les principales rumeurs fausses qui circulent sur cette maladie.

Bien sûr, il y a d'autres qui vont être accentués par des pasteurs incultes, mais qui ont des grosses communautés.

Ils vont parler du diable, ils vont parler de la punition, ils vont parler de la punition que Dieu avait infligée à l'Égypte, par exemple, les dix plaies d'Égypte.

Voilà, il y aura ça aussi comme rumeurs.

DW : Alors, et comment, à votre niveau, au niveau de Congo Check, vous procédez pour déconstruire ces fausses informations ?

La première étape avant tout, c'est vraiment la veille sur Internet. On a une équipe de 53 journalistes dans trois pays qui sont sur les réseaux sociaux, dans les groupes WhatsApp, qui sont à l'affût de chaque désinformation, mais aussi dans nos communautés.

Nous avons nos parents, nos frères, des collègues et des familles dans des villages les plus touchés et on leur demande qu'est-ce qui se dit localement ? Et dès qu'on a ça, on fait un conseil de rédaction. Nous choisissons les rumeurs auxquelles répondre le plus rapidement possible. Nous sélectionnons des experts que nous contactons et après, nous écrivons des fact checks. Donc, c'est un article de vérification que nous publions sur notre site Internet. Pour l'instant, c'est là qu'on s'arrête. Heureusement, nous avons une chaîne de radio, une chaîne de télé.

Là, on est en quête de certains partenariats et on va aussi trouver d'autres financements pour pouvoir permettre à ce que ça soit diffusé sur des radios, plusieurs radios.

On cible minimum 20 radios parce que vous savez, jusqu'à ce jour, la radio est le média le plus suivi et dans les villages à Kamituga, par exemple au Sud-Kivu, où la maladie fait le plus de victimes, et bien les gens ne sont pas sur Internet en train de suivre les informations ou sur les réseaux sociaux.

Ils suivent principalement la radio. Et puis après, les réseaux sociaux peuvent venir et on va cibler des radios pour partager, publier sous forme de jingles, de sketchs d'infos toutes les vérifications que nous allons faire sur la maladie.

La désinformation tue et la vraie information peut sauver des vies, et principalement dans des périodes comme ça de crise et de pandémie.

"La désinformation tue" Rodriguez Katsuva

 

DW : Est-ce que vous envisagez un aspect plus international ; du réseautage avec d'autres structures de fact checking dans d'autres pays ? En ce qui concerne cette épidémie de MOX, est-ce que vous l'avez déjà fait pour d'autres sujets, d'autres épidémies ?

Oui, en effet. Congo Check fait partie d'une plateforme qu'on appelle PAFF, donc c'est la plateforme africaine des fact-checkers francophones.

Et les membres de ce réseau, en fait, ils ont le droit de reprendre toutes nos productions sur les faits de Fact-checking. Et donc déjà ça, c'est une première étape. Mais aussi à Congo Check, on a fait une demande de financement ; on espère pouvoir l'avoir pour signer avec des radios dans cinq pays. C'est-à-dire, la RDC, le Congo Brazza, la Centrafrique, le Rwanda, le Burundi. Parce que ces pays, il y a beaucoup de trafics entre les deux.

D'ailleurs, la RDC, le Rwanda, ce sont parmi les frontières les plus fréquentées au monde et donc les risques aussi que la maladie se répande. Et on pense signer donc ces partenariats avec des radios dans ces pays-là.

Mais pour porter l'information à des populations, il faut des moyens. Il y a le fact checking par SMS qu'on aimerait lancer.

On aimerait envoyer des SMS à des gens gratuitement, parce qu'on sait que si on demande aux gens de payer même 0,01 € par SMS, les gens ne pourraient pas. Ils n'ont pas ces moyens, là. Ils vivent avec moins de 2 $ par mois, ils ne peuvent pas payer des abonnements.

Donc on aimerait pouvoir, nous, acheter des forfaits SMS aux fournisseurs du réseau et envoyer des fact check sous forme de SMS aux gens.

Ça, c'est quelque chose qui a bien marché en 2018. On aimerait aussi pouvoir mettre ça en place cette fois-ci, il faut acheter des forfaits et ça va dans des dizaines de milliers d'euros que Congo Check ne peut pas à lui seul mobiliser.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique