RDC: et si les rebelles du M23 étaient de retour...
23 juillet 2020Dans un communiqué, la société civile du Nord-Kivu indique que les combats ont eu lieu en début de semaine dans le territoire du Rutshuru, non loin du parc national des Virunga".
Des informations que confirment aussi les chercheurs du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST). Pour sa part, Jean-Jacques Wondo, spécialiste en matière de défense et sécurité au Congo dit ne pas être surpris par la résurgence de ces groupes armés dans l’est de la RDC.
"Plusieurs informations qui nous reviennent font état de la présence de certains combattants et certains anciens officiers du M23 dans les violences qui se déroulent en Ituri. Le M23 reste toujours une sorte de réserve stratégique qu'on utilise, surtout que la situation politique à Kinshasa est de plus en plus inquiétante au niveau des relations entre les partisans de Tshisekedi et les partisans de Kabila", explique le chercheur.
L’identité des assaillants encore à éclaircir
Les Forces armées congolaises (FARDC) reconnaissent qu’il y a bien eu des combats dans le territoire du Rutshuru. Mais l’identité des assaillants n’est toujours pas connue, précise le major Guillaume Njike Kaiko, coordonnateur du service de communication des FARDC à la 34e région militaire.
"Dans cette zone, nous avons eu des accrochages avec plusieurs groupes armés. Donc, nous pensons qu'il est encore trop tôt de donner une quelconque identité à ces assaillants. Et nous osons croire que dans les heures qui suivent, nous pourrons vous donner, avec exactitude, l'identité de ces assaillants", indique celui qui est aussi porte-parole du secteur opérationnel Nord-Kivu Sokola 2.
Accord de Nairobi
Après avoir été défaits par l’armée congolaise et la Monusco en novembre 2013, les rebelles du M23 ont signé avec Kinshasa un accord de paix, en décembre de la même année dans la capitale kenyane, baptisé Accord de Nairobi.
L’accord prévoyait la mutation du mouvement en parti politique, une amnistie pour les faits de guerre et d’insurrection, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants. L’accord incluait également la possibilité de rapatrier les combattants de ce mouvement rebelle depuis l'Ouganda et le Rwanda où ils avaient trouvé refuge.
"C’est peut-être parce que cet accord n’a pas été suffisamment mis en œuvre à leurs yeux qu’ils ont décidé de reprendre les armes", s’interroge Omar Kavota, porte-parole de la société civile du Nord-Kivu.
C’est pourquoi, poursuit Boniface Musavuli, spécialiste des questions de sécurité, les ex-rebelles ont profité de l’arrivée du nouveau président, Félix Tshisekedi pour se faire entendre.
Début mars 2017, l'armée congolaise avait déclaré avoir tué 20 rebelles du M23 et perdu deux soldats lors de combats survenus depuis la fin janvier.
Par ailleurs, en février 2019, les autorités ougandaises ont décidé de rapatrier 70 anciens membres du M23 au gouvernement congolais, dans le cadre de l'accord de rapatriement volontaire de 2013.