1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La révision constitutionnelle, n'est pas une priorité à Beni

Pascal Mapenzi
25 octobre 2024

Dans l’est de la RDC, où la situation sécuritaire est très dégradée en raison du conflit avec le M23, les habitants ont d’autres priorités que la volonté du président de réviser la Constitution.

https://p.dw.com/p/4mFT4
RDC - Dans une rue à Beni
Les populations de Beni vivent sous la menace des Forces démocratiques alliés (ADF). Ils sont à l'origine essentiellement des rebelles ougandais musulmans, qui sévissent depuis trois décennies dans l'est de la RDC notamment dans la région de Beni, où ils ont fait souche et tué des milliers de civils.Image : Delphin Mupanda/Xinhua/IMAGO

En visite à Kisangani ce mercredi 23 octobre, le président Félix Tshisekedi a exprimé son souhait de réviser la Constitution de 2006, soulevant des inquiétudes quant à une éventuelle ambition de briguer un troisième mandat.

À Beni, de nombreux habitants se montrent indifférents face à cette perspective de réforme constitutionnelle. Ils considèrent que, dans un contexte marqué par des menaces de guerre imminentes, une révision de la Constitution ne changerait rien à leur quotidien ni aux dangers qui les entourent.

Annonce diversement appréciée

Les habitants de Beni estiment que les priorités sont ailleurs et que les dirigeants de Kinshasa manquent de volonté pour mettre fin aux conflits.

"Lors de la campagne électorale, il (Félix Tshisekedi) avait promis de réhabiliter la route Beni-Kisangani. À l'époque, il me fallait deux jours pour effectuer ce trajet dans le cadre de mon commerce. Aujourd'hui, cela peut prendre jusqu’à un mois. Pendant ce temps, des gens meurent chaque jour ici, à Beni. Est-ce qu'une révision de la Constitution mettra fin à la guerre ?", s’interroge un habitant.

Une autre personne ajoute : "Je pourrais envisager de soutenir un changement si cela visait à apporter des solutions concrètes aux problèmes de la population."

Mais d'autres expriment des craintes. "S’il modifie la Constitution, ce sera pour tenter de s’accrocher au pouvoir pour un troisième mandat. Nous avons voté massivement pour lui, mais il a trahi notre confiance", déplore un habitant.

RD Congo - L'armée congolaise en mission contre les ADF
Depuis fin 2021, les armées congolaise et ougandaise mènent des opérations conjointes contre les ADF dans le Nord-Kivu et la province d'Ituri voisine, sans réussir pour le moment à empêcher les attaques meurtrières contre les civils.Image : Al-hadji Kudra Maliro/AP Photo/picture alliance

La priorité est ailleurs

Jackson Bwahasa, membre de la société civile de Butembo, une autre ville de l’est de la RDC, rappelle que l’UDPS, le parti du président actuel, s’était opposé à une révision similaire sous le président Joseph Kabila. Pour lui, la RDC fait face à des défis urgents, et la priorité n’est pas de changer la Constitution.

"Durant son premier mandat, il affirmait être limité par le régime de Kabila ; maintenant, c'est la Constitution qui poserait problème. La Constitution pourrait être modifiée mille fois, mais tant que les mêmes personnes resteront aux mêmes postes, rien ne changera. Le peuple a simplement besoin d’un minimum de volonté politique. Nous savons tous que le président Tshisekedi est dans son dernier mandat. Il s’était lui-même opposé à une telle modification lorsqu'il était dans l'opposition. Les priorités actuelles sont de ramener la paix, de mettre fin aux grèves des enseignants et des médecins. Le changement de la Constitution ne figure pas parmi elles."

Le président Tshisekedi a annoncé, ce mercredi à Kisangani, la mise en place en 2025 d'une commission nationale pour l'élaboration d’une nouvelle Constitution.

Il souhaite un texte "adapté aux réalités" de la RDC, estimant que la Constitution actuelle est dépassée et marquée par l’influence de pays étrangers comme le Rwanda. Pourtant, dans la province du Nord-Kivu, où le Rwanda soutient les rebelles du M23, cet argument peine à convaincre.