Trouver de quoi manger, un défi pour les habitants de Goma
10 février 2023Viviane Bisafi est vendeuse de farine de maïs au marché Alanine de Goma. Aujourd'hui, elle est restée chez elle comme les deux jours précédents car sa marchandise qui venait de Rutshuru et Masisi n'arrive plus. La pénurie alimentaire qui s'installe peu à peu dans la ville est sa plus grande crainte.
"L'avancée du M23 vers la ville de Goma nous fait peur car nous dépendons de la route Sake et la route Rutshuru pour nous ravitailler. La famine risque d'être grande dans la ville de Goma car il n'y a plus de marchandises."
Même si certains habitants ont le courage de se rendre à Rutshuru pour trouver quelques kilogrammes de maïs et ne pas mourir de faim, ces allers-retours ne suffisent pas pour nourrir tout le monde.
Augmentation des prix
Les habitants se plaignent également des prix qui ont parfois triplé et Viviane Bisafi n'a plus grand-chose pour entretenir son commerce.
"Avant la guerre du M23, le prix des marchandises était bas car Rutshuru et Masisi alimentaient la ville de Goma et garantissaient la modestie des prix. Mais actuellement, nous nous contentons de petites quantités qui viennent parfois de Rutshuru par moto et ça nous paraît très difficile de travailler car la marchandise est insuffisante", déplore-t-elle.
L'étau se resserre
Un sac des maïs qui se vendait à 30 dollars américains avant la guerre se négocie désormais à 80 dollars.
Un malheur de plus pour la famille de Théo Rafiki qui ne peut plus poursuivre son activité à cause de la coupure des routes qui relient Goma au reste de la province :
"J'exerçais le commerce des planches que j'achetais à Kanyabayonga pour les vendre ici à Goma. Mais depuis que cette guerre avance, je ne peux plus quitter Goma car toutes les routes sont maintenant fermées. Je suis père de sept enfants et ensemble avec leur mère, nous risquons de mourir de faim à la maison vu que nous n'effectuons plus aucune activité", s'alarme Théo Rafiki.
Parallèlement, les combats entre l'armée congolaise et le M23 se poursuivent à moins de dix kilomètres de la cité de Sake, située à l'ouest de Goma, la seule voie routière qui reste pour relier la ville à la province du Sud-Kivu.