RCA: prolongation de l'embargo sur les armes
1 février 2019Les Etats membres du Conseil de sécurité conditionnent cependant leur décision à des progrès attendus dans des domaines tels que la sécurité et la gestion des armes et munitions. En attendant, le conseil a décidé à l'unanimité de prolonger d'un an, cet embargo qui conditionne toute livraison d'armes à la Centrafrique à une autorisation préalable du comité de sanctions du Conseil de sécurité.
La résolution adoptée a été rédigée par la France. François Delattre l'ambassadeur français à l'ONU a expliqué que "dans un contexte marqué par la tenue du dialogue direct entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés à Khartoum sous les auspices de l'initiative africaine, cette résolution témoigne du consensus et de toute l'importance que le Conseil de sécurité porte à la situation en RCA. Signe de l'engagement ferme que prend le Conseil de sécurité, cette résolution établit un calendrier précis, le Conseil de sécurité se réunira le 30 séptembre 2019 au plus tard pour statuer sur l'opportunité d'un assouplissement de l'embargo sur les armes."
Des critères seront identifiés d'ici au 30 avril pour permettre à l'ONU d'évaluer la situation en Centrafrique et revoir éventuellement l'embargo sur les armes. Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres devra remettre avant le 31 juillet une évaluation sur l'application de ces critères. Un rapport à rendre avant le 30 juin est également demandé aux autorités centrafricaines.
Depuis 2017, plusieurs exemptions à l'embargo sur les armes ont été accordées par l'ONU à la Russie, la Chine, les Etats-Unis ou la France, afin d'équiper notamment des unités de l'armée centrafricaine en voie de reconstitution.
Beaucoup d’acteurs politiques centrafricains plaident pour la levée définitive de l'embargo, afin de permettre aux Forces armées centrafricaines de mieux combattre les groupes rebelles. Pourtant, la solution militaire n’est pas la seule clé du règlement de la crise centrafricaine, selon Roland Marchal, chargé de recherche au CNRS et spécialiste de la République centrafricaine. Selon l’ancien ministre centrafricain, Marcel Djimassé, "nous sommes en face d'un deux poids, deux mesures. Les gens qui devaient faire l'objet d'une mesure d'embargo, ceux qui sont hors la loi, ceux qui utilisent les armes et qui tuent tous les jours, ces gens là ont toujours la possibilité de s'approvisionner en armes, alors que l'armée nationale que la communauté internationale a contribué à former et à restructurer n'a rien pour faire face."