Qui a eu l'idée de faire payer les épargnants ?
21 mars 2013Mais tout d'abord, nous allons revenir sur le coup de Trafalgar du Parlement européen. Celui-ci a rejeté la semaine dernière à Strasbourg le projet de budget de l'UE pour la période 2007-2014. Pour la petite histoire, il faut rappeler que ce budget est de 960 milliards d'euros sur sept ans. C'est la première fois qu'il est en diminution, austérité oblige. Par ailleurs, son montant a été établi à l'issue de plusieurs mois de négociations tendues entre les États.
Or, voilà que le Parlement a utilisé la semaine dernière les nouveaux pouvoirs que lui confère le Traité de Lisbonne, à savoir la possibilité de rejeter le budget. Les États membres vont donc devoir faire une nouvelle proposition. Un bel exercice de démocratie puisqu'après-tout, le Parlement est la seule institution européenne élue directement par le peuple.
Mais ne nous emballons pas. Le coup de semonce du Parlement pourrait n'être après tout qu'un pétard mouillé. En effet, les eurodéputés n'ont pas réclamé une hausse du budget. Pourtant, celui-ci est largement trop faible pour relancer la croissance en Europe. Mais en période de vaches maigres et à un an des prochaines élections européennes, les membres du Parlement de Strasbourg savent qu'ils ne pourront pas retourner devant leurs électeurs en ayant voté une hausse des dépenses européennes alors même que tous les budgets publics sont revus à la baisse au sein de l'Union.
Bataille perdue d'avance
Dès lors, le Parlement européen s'est contenté de réclamer plus de flexibilité dans l'attribution des postes de dépenses. Il a aussi réclamé que le prochain Parlement, qui sera élu en mai 2014, vote à son tour ce même budget pour éviter un accord qui engagerait la future assemblée. Dont acte.
Le coup de gueule des eurodéputés a donc le mérite d'exister. Mais en usant de leur nouveau pouvoir, ceux-ci en ont aussi démontré les limites. Le futur budget de l'UE sera en baisse, quoi qu'il arrive. Le Parlement a renoncé à renégocier ce point essentiel car il savait la bataille perdue d'avance face à Londres et Berlin qui soutiennent cette réduction.
En outre, les budgets consacrés à l'agriculture resteront largement supérieurs à ceux consacrés à la recherche ou au soutien de la croissance économique. Sur ce point, c'est Paris qui bloque tout changement. Encore une fois, ce sont les États qui donnent le "La" de la politique à Bruxelles. L'Union européenne, on le sait, n'est pas encore sortie de la crise. Mais ce qui est moins connu c'est qu'au regard de son budget, elle n'est pas encore tout à fait entrée dans le 21e siècle.
Chacun se renvoit la faute
Enfin, nous revenons sur la catastrophe chypriote. Catastrophe car personne n'est vraiment en mesure de dire ce qu'il s'est passé. Au départ, une dette de 17 milliards d'euros ce qui est "peanuts" à l'échelle de l'Europe. Qui plus est, une économie, celle de Chypre, qui représente seulement 0,5% du PIB européen. Et voilà que Berlin, épaulé par le FMI, souhaite que les dépôts bancaires soient taxés pour payer une partie de cette dette. Or, les avoirs russes à Chypre sont très importants, ils sont estimés à près de 25 milliards d'euros.
Soucieux de ménager les investisseurs russes sur une île où le secteur financier, hypertrophié, représente huit fois la taille du PIB, il semble que le gouvernement chypriote ait alors voulu partager le fardeau entre les petits et les gros épargnants. Du coup, cela a créé un vent de panique alors même qu'il existe une garantie assurant les dépôts bancaires jusqu'à 100.000 euros.
Remettre en cause ce principe a eu pour conséquence à la fois de relancer la crise de la zone euro et de mettre en danger le projet d'Union bancaire qui doit entrer en vigueur l'année prochaine. Sur ce point, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a déploré la décision de taxer les petits éparnants :
« Ce que le Parlement européen critique fortement c'est que désormais nous avons un jeu où chacun se renvoit la faute, la responsabilité. Et ceci n'est pas dans l'intérêt de nos concitoyens. Il y a une directive sur les dépôts bancaires qui garantit ceux-ci à hauteur de 100.000 euros. Maintenant nous avons vu que la décision prise à Chypre prévoyait d'inclure aussi les petits et moyens dépôts bancaires. Ceci va engendrer beaucoup de défiance et pas seulement à Chypre mais aussi dans toute l'Europe. C'est pourquoi j'espère que nous allons trouver aussi vite que possible une autre solution au sein de l'Eurogroupe. Et je pense que nous avons besoin d'une solution européenne, une solution au sein de l'Union européenne et au sein de la zone euro. Nous ne devons pas montrer au monde que l'Europe n'est pas capable de résoudre ses problèmes au sein de ses propres structures. Nous avons vraiment besoin d'une gouvernance économique au sein de l'Union européenne qui soit plus fiable et plus cohérente. Une zone économique, une monnaie unique, une banque centrale et 17 gouvernements au sein de l'Eurozone qui chacun conduisent une politique différente, cela n'est pas faisable. La plus haute priorité pour le Parlement européen est que les gens qui ont déposé leur argent sur un compte en banque doivent être rassurés. Nous allons trouver une solution avec le gouvernement chypriote. Je crois que celui-ci sait bien qu'une sortie de l'euro est exactement le contraire de ce que Chypre souhaite, c'est-à-dire une stabilisation de sa place financière. C'est pourquoi nous allons très certainement trouver une solution ensemble. »
Aujourd'hui, personne ne veut revendiquer la paternité de ce plan absurde qui a de toutes manières été rejeté par le Parlement chypriote. Et l'Europe ne sait toujours pas comment sortir de cette nouvelle impasse.
Les Russes de la Costa Brava
Nous restons avec les Russes, mais cette fois en Espagne. Pour stimuler son marché immobilier, l'Espagne lance une vraie opération séduction : elle accordera des permis de résidence aux étrangers non communautaires qui lui achèteront une propriété d'une valeur supérieure à 160.000 euros. Depuis l'explosion de la bulle immobilière en Espagne, près de 900.000 logements sont toujours à vendre. Un tiers de ces logements se situent au bord de la Méditerranée.
Cette mesure vise principalement la clientèle russe qui est de plus en plus nombreuse sur la Costa Brava. Cette année, le nombre de touristes russes en Espagne a augmenté de 40%. La Catalogne est devenue la région préférée de la classe moyenne russe en Europe.
C'est un reportage à Lloret de Mar, la destination à la mode des touristes russes, de Henry de Laguérie.