Quelle politique africaine pour l'Allemagne?
29 septembre 2015Qu'ils soient originaires d'Érythrée ou du reste de la Corne de l’Afrique, la volonté d'empêcher les réfugiés et migrants de quitter leur pays est de plus en plus présente en Allemagne. Dans le cadre du "processus de Khartoum", signé en 2014, l’Allemagne et l’Union Européenne coopèrent avec les États de la Corne de l’Afrique pour que ceux-ci retiennent leurs ressortissants. Une mauvaise stratégie, selon Robert Kappel, l’ancien directeur de l’institut Giga pour les études africaines, basé à Hambourg: "En Afrique aussi, nous érigeons des barrières. C’est selon moi la mauvaise voie. La population africaine va doubler d’ici 20 à 30 ans. C’est-à-dire qu’ils ont une population très jeune, qui aspire à une éducation et à un travail, et nous, nous ne faisons qu’assister à cela en spectateur pensant que ce problème va se régler tout seul."
L’Allemagne doit revoir sa copie en matière de politique africaine et miser sur la coopération économique, technologique et culturelle. Et non pas seulement sur l’aide au développement ou la répression des migrations.
Une action plus ciblée
Andreas Lämmel, le président du cercle de travail Afrique de la CDU/CSU, le parti conservateur allemand, est moins sévère. Il plaide pour une meilleure coopération entre les différents ministères: "Il est clair que chacun a ses propres moyens financiers à mettre en œuvre. Mais je le répète, nous devons adopter une approche plus globale, commune à tous les ministères, car cela permettra selon moi de mettre en œuvre nos moyens de manière plus concentrée."
Les deux experts s’accordent sur un point: les causes de cette crise migratoires sont aggravées par la politique étrangère de l’Union Européenne. En cause, des accords de partenariats économiques, qui ouvrent largement le marché africain aux entreprises européennes. Ils fragiliseraient les institutions régionales, notamment en supprimant en grande partie les droits de douane, une recette budgétaire importante.