thé en Mauritanie indépendance
22 avril 2010Dans les marchés, devant les hôpitaux, au sein des ministères : pas un coin de Nouakchott sans le petit étal d'un marchand de thé. Pour cinq centimes d'euros, le passant peut s'offrir un verre pour étancher sa soif, patienter, ou faire une pause avec un ami. Sidi est vendeur ambulant:
«Je vends le thé aux passants qui en ont envie, ou je fais le tour du marché pour trouver des clients. Vieux, jeunes, riches, pauvres, il y a toutes sortes de clients»
Le thé de Chine a remplacé le zrig mauritanien
Au début du 20e siècle, sous les tentes nomades, le thé vert de Chine a progressivement remplacé le zrig, le lait de chamelle, comme boisson d'accueil. Trois verres de thé à la menthe sont offerts, du plus amer au plus doux. La conception et la dégustation font l'objet d'un vrai rituel. Ely ould Allaf, ancien ministre de la Culture :
"On ne conçoit pas une causerie qui ne se fasse pas autour d'un thé. Cela permet aux gens de se retrouver, de s'accepter pendant un certain temps, d'égal à égal. Celui qui fait le thé doit connaître la situation, faire en sorte que le thé s'achève en même temps que la conversation s'épuise. Cela rythmne la vie."
Il y a encore 50 ans, le thé était un produit de luxe, interdit aux femmes et aux enfants.
"Le thé, c'était un privilège. En général, quand il se fait, les voisins viennent. Comme la denrée était rare autrefois, on s'arrangeait pour qu'ils ne soient pas au courant. A l'époque, c 'était difficile, car le sucre était en pain. Il fallait le casser. Seulement, cela faisait du bruit. Alors, il y avait des techniques pour que les voisins n'entendent pas."
Avec la sédentarisation et le développement économique, le thé est devenu accessible à tous. Les Mauritaniens boivent leurs trois verres, au moins trois fois par jour. Le thé et le sucre sont parmi les plus importantes importations du pays.
La cérémonie du thé, trois fois par jour
Ould Mohamed Mahmoud, grossiste en thé, ne connait pas la crise. Malgré la hausse des prix qui pèse sur les ménages, les Mauritaniens ne sont pas prêts à sacrifier leur boisson préférée :
« Toute la population mauritanienne boit du thé 24h sur 24h, ça fait partie de sa vie, alors le thé se vend très facilement. Pour les mauritaniens la crise peut avoir un impact sur l'achat de la nourriture mais pas sur l'achat du thé »
Croire que le thé prévient les maux de têtes est très répandu. Pourtant, la théine et le sucre qu'il contient ont favorisé l'essor de certaines maladies dans le pays. Dr Sidi ould Zahaf :
"Pour les diabétiques, dans le cas d'anémies, d'hypertension artérielle, d'insuffisance cardio-vasculaire, souvent on déconseille le thé. Maintenant, est-ce que c'est vraiment respecté? Pour un Mauritanien, c'est difficile.On aurait préféré une autre prescription!"
Auteur : Jeanne Mathis
Edition : Carine Debrabandère