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Le point sur la situation des travailleurs migrants au Qatar

31 mars 2022

Si l'émirat a apporté des modifications à son code du travail, il reste encore du chemin à faire pour améliorer les conditions de vie de ces travailleurs.

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Un ouvrier devant le Lusail Iconic Stadium
Un ouvrier devant le Lusail Iconic Stadium, une des enceintes de la Coupe du monde 2022Image : picture-alliance/dpa/XinHua/Nikku

Ce vendredi 1er avril aura lieu le tirage au sort de la phase de poules de la prochaine Coupe du monde de football, qui se disputera au Qatar du 21 novembre au 18 décembre prochains. Un Mondial qui est critiqué depuis son attribution à l'émirat du Golfe, notamment en raison du traitement des travailleurs migrants. Si le gouvernement qatari a apporté quelques modifications à son code du travail, les efforts doivent être poursuivis pour une amélioration sensible des conditions de vie de ces travailleurs, estiment les syndicats de travailleurs et de footballeurs.

Des salaires augmentés et versés en temps et en heure

Ce mercredi 30 mars, la FIFPro, le syndicat des footballeurs professionnels, et l'IBB (Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois, fédération qui représente 12 millions de travailleurs dans le monde, ndlr), ont organisé un tournoi de football pour les travailleurs migrants au Qatar afin d'attirer l'attention sur le fait que certains d'entre eux sont toujours confrontés à des difficultés d'emploi dans l'État du Golfe. Même si pour ce travailleur migrant, la donne a considérablement changé depuis quelques années : 

 "Vous savez, au Qatar, aujourd'hui, la vie est très bonne, elle est très bonne. Je pense que tout le monde est heureux ici parce que les salaires et les autres choses ont augmenté et qu'ils sont versés à temps. Le gouvernement prend des mesures pour les travailleurs, en particulier pour ceux qui travaillent dans la construction", estime ce travailleur, qui a participé au tournoi de football. "Avant, il y avait des problèmes ; depuis quatre ou cinq ans, c'est moins le cas. Mes collègues qui travaillent dans le bâtiment savent que le ministère qatari du travail travaille en leur faveur."

Des progrès, mais encore trop de blocages

Depuis qu'il a obtenu l'organisation du Mondial de football en décembre 2010, le Qatar a apporté un certain nombre de modifications à la législation du travail, abolissant notamment le système de la kafala, introduisant un salaire minimum et améliorant les conditions de travail des personnes directement impliquées dans les projets d'infrastructures de la Coupe du monde.

S'il salue ces mesures, Ambet Yuson, le secrétaire général de l'IBB, estime que la loi devait être appliquée de manière plus rigoureuse et qu'il y avait encore trop de blocages lorsque les travailleurs se plaignaient. 

"Vous savez que les entreprises refusent de respecter la loi. Je pense que le gouvernement devrait se concentrer sur l'application de ces lois, en veillant à ce qu'elles soient mises en œuvre, non seulement à l'avenir, mais rapidement. Vous savez, il y a des travailleurs qui ne sont pas payés depuis 5-6 mois maintenant, et si vous déposez une plainte, cela vous prendra plusieurs mois. Or, justice différée est justice refusée, non ?", estime ce responsable de l'IBB.

Des ouvriers d'Asie du Sud-Est sur un chantier au Qatar
Des ouvriers originaires d'Asie du Sud-Est sur un chantier au QatarImage : picture-alliance/Alexander Farnsworth

Faire en sorte que les horreurs ne se reproduisent plus

Pour Lise Klaveness, la présidente de la Fédération norvégienne de football, cette Coupe du monde est un moyen de sensibiliser à la condition des travailleurs. Selon une enquête du journal britannique The Guardian parue en février 2021, ce sont plus de 6.750 ouvriers qui sont morts sur les chantiers des stades de ce Mondial. Pour Lise Klaveness, il faut maintenant faire en sorte que ce genre de situation ne se reproduise plus à l'avenir :

"Nous, journalistes, dirigeants, et tous ceux qui sont engagés dans le football, avons désormais un devoir : nous devons nous assurer que les processus sont différents à l'avenir. Nous devons nous assurer que cette Coupe du monde laisse une trace, et la meilleure façon de le faire est de se concentrer sur le droit des travailleurs", estime la patronne du football en Norvège, dont le pays avait menacé, en cas de qualification, de boycotter ce Mondial.

L'émirat qatari est fortement tributaire des travailleurs migrants, et ce dans tous les domaines, puisqu'il en compte plus de deux millions dans le pays, pour seulement 300 000 citoyens qataris.

 Ali Farhat, Redakteur DW Afrique
Ali Farhat Journaliste au programme francophone de la Deutsche Wellederpariser