Pas de deuil pour des dirigeants autocratiques déchus
15 avril 2019Après le renversement d'Omar el-Béchir au soudan, le mouvement de protestation, qui avait conduit à cette révolution par des manifestations de masse devant le siège de l'armée, continue de faire pression pour un gouvernement de transition civil.
Jeudi dernier dans l'après-midi, un "conseil militaire" a annoncé la destitution d’Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989 et a décidé d’instaurer une période de transition de deux ans dirigée par l'ancien vice-président et ancien ministre de la Défense, Awad Ibn Ouf.
Mais très vite, ce dernier aussi a démissionné rappelle la Tageszeitung.
Pas encore le bout du tunnel
Pour la Taz, il est important pour le mouvement de protestation que les responsables de graves crimes ne prennent pas des postes de responsabilité, mais également que les structures qu'ils gèrent soient dissoutes.
L’alliance de l’opposition a réclamé dimanche dans une déclaration, la dissolution de toutes les milices et unités paramilitaires au Soudan, ainsi que le service de renseignements et la nationalisation de toutes les sociétés gérées par des proches de l'ex-président el-Béchir.
Elle a aussi exigé que tous les diplomates et ministres en exercice soient démis de leurs fonctions et que le président déchu soit extradé devant la Cour pénale internationale.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, hormi les conflits armés dans le pays, la perte d'une grande partie de l'industrie pétrolière résultant de la sécession du Soudan du Sud reste problématique pour le développement du voisin du Nord après le départ d’Omar el-Béchir.
Selon la Faz, les ressources sont insuffisantes pour répondre aux attentes des populations qui sont descendues dans la rue contre l'ancien régime.
En fin de compte, il se pourrait qu’à la suite du soulèvement dans ce pays, les conditions économiques actuelles et l’état de la société ne conduisent qu’à un changement de clique au sein de l’élite. Ce serait alors dommage d’après le quotidien de Francfort.
Le deuil des dirigeants déchus
De son côté, la Süddeutsche Zeitung estime que personne ne portera le deuil des dirigeants qui ont été démis au Soudan et en Algérie. Mais seulement que le danger est grand pour que leur départ apporte plutôt, un nouveau chaos.
Pour le quotidien de Munich, il serait prématuré d'espérer une transition en douceur vers la démocratie, la stabilité et la reprise dans cette région.
Toutefois tout le monde gagnerait beaucoup, si cela ne provoquait pas un nouveau chaos, comme ce fut le cas en 2011 avec le printemps arabe.
Aujourd'hui, la crise migratoire est toujours là, elle inquiète particulièrement les Européens et montre que les événements au sud de la Méditerranée les préoccupent.
Les chances d'être rassuré sont minces, parce que les manifestants à Khartoum et à Alger savent que leurs nouveaux dirigeants sont issus des régimes corrompus et déchus, conclut la Süddeutsche Zeitung.