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Nigeria : un massacre qui suscite des questions

Delali Sakpa
30 novembre 2020

Samedi, au moins 110 civils ont été tués alors qu'ils travaillaient dans leurs champs, dans l'Etat du Borno. Un massacre qui serait lié à la rivalité entre groupes djihadistes.

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Quelques corps de victimes du massacre du samedi 28 novembre dans l'Etat du Borno
Quelques corps de victimes du massacre du samedi 28 novembre dans l'Etat du BornoImage : Audu Ali Marte/AFP/Getty Images

Ce nouveau massacre serait la conséquence de la nouvelle rivalité dans la région entre lesgroupes djihadistes Boko Haram et l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), branche dissidente de Boko Haram. 

L'attaque s'est produite dans une rizière située à moins de dix kilomètres de Maiduguri, la capitale de l'Etat du Borno, épicentre de l'insurrection islamiste. Le mois dernier, 22 agriculteurs avaient déjà été tués dans leurs champs, non loin de cette ville. 

Pour le professeur Khalifa Dikwa, politologue et analyste nigérian, cette tension est liée à des objectifs différents entre les deux groupes. "L’un s'attaque à tout le monde pour islamiser à sa façon, c’est à dire Boko Haram. Toute personne qui n’est pas membre de Boko Haram est infidèle, alors que l’autre s’attaque à l’organisation de l’Etat, aux forces de l’ordre. Secundo, je pense qu’il s’agit aussi du financement. Peut-être que le financement vient de deux sources différentes", explique le politologue nigérian. 

Véhicule des combattants du groupe l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap)
Véhicule des combattants du groupe l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap)Image : Audu Ali Marte/AFP/Getty Images

Un gouvernement prudent et sur la defensive 

Quant au gouvernement nigérian, il sembleimpuissant face aux attaques de ces deux groupes terroristes. Il a ainsi estimé que les agriculteurs étaient responsables car ils s’étaient rendus dans une zone qui était interdite. 

"Ils n’ont pas vraiment de solution (gouvernement et responsables), ils n’ont pas mis les moyens nécessaires à renforcer la présence de l´Etat, à gouverner et à offrir un minimum de paix et de sécurité pour les populations", estime Vincent Foucher, chercheur à l’International crisis group(ICG). 

L'armée nigériane est accusée d'impuissance face aux attaques des groupes djihadistes
L'armée nigériane est accusée d'impuissance face aux attaques des groupes djihadistesImage : Getty Images/AFP/S. Heunis

Il va plus loin et pense que l´armée n'a pour l´instant pas essayé de reconquerrir les territoires occupés par les dihadjistes et attend plutôt dans des bases dans lesquelles elle est relativement protegée.

Ces attaques forcent aussi des milliers de personnes à fuir leur domicile. Mais les autorités locales de Borno souhaitent que les populations déplacées retournent dans leurs villages dans les prochains mois, malgré les risques.