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Au Niger, les femmes subissent le diktat des djihadistes

17 septembre 2024

Un récent rapport de l’International crisis group souligne la détérioration des conditions de vie des femmes dans le département d’Abala, dans la région de Tillabéri.

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Des femmes de Gabda, un village de la région de Tillabéri (ouest du Niger près du Mali), le 12 mai 2020, pleurent la mort de sept personnes tuées le 8 mai 2020 par des hommes armés venus en moto
International crisis group demande aux bailleurs de fonds de soutenir les femmes dans leur recherche d’autonomie Image : BOUREIMA HAMA/AFP

Le département d’Abala est situé dans la région de Tillabéri, elle-même frontalière du Burkina Faso et du Mali. C’est dans cette zone des trois frontières qu’agissent les groupes djihadistes.

Ceux-ci s'en prennent désormais aux femmes dans les villages isolés du département, où l’Etat nigérien est absent, comme l’affirme l’International crisis group. Une femme a ainsi déclaré à l’organisation que les djihadistes viennent régulièrement prélever l’impôt islamique dans son village, situé à trois kilomètres de la ville d’Abala.  

S'ils ne s’emparent pas du bétail, les djihadistes font respecter, notamment chez les femmes les plus jeunes, des codes vestimentaires stricts comme le port du "hijab noir, ne laissant transparaître que les yeux, une robe noire intégrale et des chaussettes noires".      

Perte d’autonomie des femmes   

L’International crisis group précise que les femmes sont rarement battues, à la différence des hommes et des garçons.    

Toutefois, celles-ci n’ont pas le droit de travailler dans les champs pour subvenir aux besoins de leur famille. Elles perdent ainsi leurs sources de revenus et d’autonomie. 

 Le génégal Abdourahmane Tiani entouré de militaires rencontre les ministres à Niamey en 28 juillet 2023
A leur arrivée au pouvoir, les militaires ont promis de régler la question de l’insécurité Image : REUTERS

L'International crisis group évoque par ailleurs un climat de peur et de suspicion chez les femmes. Les familles craignent par exemple des représailles si elles refusent de donner leur fille en mariage à des djihadistes.   

Les filles et les garçons doivent aussi subir la présence de ces combattants alors que, raconte une femme, mère de cinq enfants, ses enfants ne sont pas allés à l’école depuis deux ans. Dans la région, plusieurs établissements scolaires ont dû fermer après que les enseignants et les élèves ont été menacés.  

Dans ce contexte, les filles sont les premières à devoir renoncer à l’école dans un environnement où priorité est donnée à l’instruction des garçons

Cliquez sur l'image pour écouter les précisions de Floor Keuleers, l’autrice du rapport.    

"Les gens vivent dans une situation difficile"

 Difficile accès aux soins  

L’autre difficulté majeure est le manque d’accès aux soins de santé, aussi bien dans les zones rurales du département d’Abala que dans la ville du même nom.   

Les djihadistes n’attaquent pas les centres de santé parce qu’ils en ont aussi besoin. Mais la pénurie a entraîné une hausse des prix des consultations et des médicaments et la population a fini par se détourner des rares établissements sanitaires dans le département.    

Alors qu’elles pourraient jouer un rôle dans la résolution du conflit, les femmes déplorent ainsi être de plus en plus mises à l’écart. "Les femmes n’ont aucun pouvoir dans ce domaine. Le pouvoir appartient aux hommes", raconte une femme à l’International crisis group. "Nos connaissances sont sous-estimées", déclare une autre.