Scrutins présidentiel, législatifs et locaux au Mozambique
8 octobre 2024Maputo, la capitale du Mozambique, est plongée dans un rouge profond depuis le 24 août, date à laquelle la campagne électorale a été officiellement lancée. Le rouge, c'est la couleur du Frelimo, le "Front de libération du Mozambique", le parti qui dirige le pays depuis son indépendance il y a maintenant près de 50 ans.Sauf surprise, il devrait se maintenir à tous les postes-clé du pouvoir.
Le favori : le candidat du gouvernement Daniel Chapo
Le président Filipe Nyusi, qui a dirigé le pays pendant dix ans, n'a pas été autorisé à se représenter après deux mandats au pouvoir. Le Frelimo au pouvoir a donc présenté un nouveau candidat : Daniel Chapo, 47 ans.
Outre le Frelimo au pouvoir, 36 autres partis politiques sont en lice pour les 250 sièges du Parlement. Leurs campagnes sont toutefois peu visibles au quotidien.
Ossufo Momade : le principal challenger
Soutenu par la Renamo, la Résistance nationale du Mozambique, le plus grand parti d'opposition, Ossufo Momade est considéré comme le principal challenger du candidat du pouvoir : huit petits partis se sont rangés derrière lui dans la course à la présidence. Mais il a du mal à s'imposer.
En 2018, il avait succédé au leader charismatique décédé Afonso Dhlakama à la tête de l'organisation. Mais Momade n'a pas réussi à apaiser les conflits internes au parti qui ont éclaté après la mort de Dhlakama. Au contraire, de nombreux membres du parti ont pris leurs distances avec la nouvelle direction du parti et ont fondé de nouveaux partis qui font désormais concurrence à la Renamo.
Au sein du parti aussi, on ressent une certaine déception à l'égard d'Ossufo Momade : les critiques internes disent qu'il n'est pas assez ambitieux. Il semblerait qu'il se contente du rôle de leader de l'opposition.
Lutero Simango : pour un renouvellement du système politique
Le candidat du Mouvement démocratique mozambicain (MDM), troisième force parlementaire du pays Lutero Simango prône, pour sa part, avant tout, un renouvellement du système politique mozambicain.
Durant la campagne électorale, il a répété que "le pays ne bouge pas" parce que la Constitution ne garantit pas l'indépendance des institutions. Les observateurs critiques estiment toutefois que le parti MDM manque lui aussi de dynamisme pour remporter les élections.
Venâncio Mondlane le controversé
De tous les quatre candidats à la présidence, Venâncio Mondlane est sans doute le plus controversé. Les critiques décrivent l'ancien porte-parole de la Renamo comme un populiste imprévisible. Ce sont surtout les jeunes des grandes villes qui voient en lui un porteur d'espoir. Le candidat entend se battre.
"Dans le cadre de notre démocratie, nous avons des droits politiques et nous voulons préserver ces droits. Nous allons nous battre et nous ne nous soumettrons pas aux rapports de force établis depuis des décennies", assure-t-il.
Venâncio Mondlane a quitté la Renamo après avoir échoué à en prendre la tête. Peu après, il a annoncé la création de son propre parti, la " Coalition Alliance démocratique".
Mais le parti a été exclu des élections législatives par la commission électorale CNE pour "vices de procédure."
"Nous sommes prêts"
Selon la Commission électorale nationale, CNE, plus de 17 millions de Mozambicains sont inscrits en tant qu'électeurs, dont 333.839 résidents à l'étranger. Si le porte-parole de la CNE, Paulo Cuinica, a reconnu qu'il y eu quelques problèmes dans l'organisation du scrutin (des retards dans le transfert des subventions de campagne prévues par l'Etat, notamment pour les petits partis), il assure que tout est désormais rentré dans l'ordre.
"Il ne fait aucun doute que nous sommes prêts pour l'organisation et le déroulement des élections du 9 octobre 2024, tant à l'intérieur du pays que dans la diaspora. Il n'y aura pas de problèmes logistiques, nous en sommes sûrs. Il faudrait un cas de force majeure", a-t-il assuré.
Ces élections ont lieu dans un contexte tendu au Mozambique.Très affecté par le dérèglement climatique, le pays fait face à de multiples défis. Depuis 2021, un projet de gaz naturel dans le nord est paralysé par des violences de groupes djihadistes.