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Mobilisation générale au Burkina face aux djihadistes

Charles Bako
14 avril 2023

Le pouvoir de transition au Burkina Faso décrète la mobilisation générale pour enrôler dans l'armée tout homme en âge de se battre pour la défense du pays.

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Des militaires burkinabè pendant une parade militaire
Les opposants à la mobilisation générale déconcent une décision liberticideImage : Issouf Sanogo/AFP

La délibération du Conseil des ministres qui a décrété, ce jeudi (13.04), la mobilisation générale est diversement appréciée au Burkina Faso mais comme souvent, les Burkinabè sont prudents dans leurs réactions.  

L’instauration de la mobilisation générale vise à pouvoir imposer légalement à tout citoyen burkinabè mâle l’enrôlement militaire pour défendre le pays face aux attaques djihadistes.  

Pour l’ancien député Arouna Louré, "il est difficile de se prononcer vu qu’on n’a pas le contenu de ce décret. Il faut expliquer au peuple pourquoi on prend cette décision, parce que selon notre Constitution, le président est censé s’adresser à la nation pour s’expliquer avant de prendre ce décret. Nous osons croire que cela reste toujours dans un cadre réglementaire et espérons que cela pourra apporter davantage dans la lutte contre le terrorisme et non pas juste pour préserver un régime."

Pleins pouvoirs  

Cette décision fait suite à la réquisition du chef de l’Etat adressée au Conseil constitutionnel, en décembre 2022, qui a permis au président de prendre seul des mesures exceptionnelles afin de lutter contre le terrorisme.  

Ecoutez le reportage de notre correspondant au Burkina...

Aristide Ouédraogo, expert en communication, dit redouter une dérive autoritaire du pouvoir militaire de transition. Selon lui, "cela donne raison aux critiques sur les atteintes aux droits de l’homme dans cette guerre asymétrique que nous connaissons depuis des années. Il est à craindre que beaucoup de libertés soient mises à mal à travers ce décret et nous craignons que le pays ne bascule dans une certaine dictature et dans une certaine autocratie."

Une fois le décret confirmé, chaque homme d’une certaine tranche d’âge pourra donc être enrôlé dans l’armée pour lutter contre le terrorisme. 

"Nous avons aussi des libertés"

Jean-Arnaud Sawadogo, directeur général de la radio Femmes et développement communautaire à Arbollé, au nord du Burkina Faso. Il estime que "la mesure prise en Conseil des ministres résulte du fait qu’avec l’avènement des Volontaires pour la défense de la patrie, le pouvoir a lancé une mobilisation générale, c’est-à-dire un recrutement massif de volontaire pour la défense de la patrie. Seulement, est ce que ce n’est pas une manière de mettre la pression sur les populations ? C’est une question qu’on peut se poser. Nous pensons qu’il serait appréciable de laisser chaque citoyen faire sa guerre de façon volontaire. On a notre Etat à protéger mais on a aussi des libertés."

Des soldats de l'armée burkinabè autour d'un pick-up
L'armée francaise a été désignée non grata au BurkinaImage : Kilaye Bationo/AP/dpa/picture alliance

Les réactions de responsables politiques sont pour l’instant rares. La plupart estiment que le décret, en l’état, reste encore flou dans son contenu.  

Enfin, la mesure dite de "mise en garde", qui accompagne la mobilisation générale, permet des restrictions de libertés, notamment celle de réunion, et limite pour les médias l’accès aux sources d’informations. Enfin, les possibilités de perquisitions à domicile sont étendues.

Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais