Rapprochement diplomatique entre la France et le Maroc
28 octobre 2024C'est une visite d'Etat très particulière qui doit commencer ce lundi 28 octobre. Celle du président français Emmanuel Macron, attendu au Maroc. Il s'agit d'une visite particulière car elle sera la première en six ans pour le président français. Une visite de trois jours pour mettre fin à trois ans de crise entre Paris et Rabat. Un réchauffement des relations qui n'arrive évidemment pas par hasard. Les deux pays ont des intérêts à bien s'entendre, avec une longue histoire en commun.
Une décolonisation moins violente qu'ailleurs
Le Maroc a été, comme d'autres pays du Maghreb, sous domination coloniale : le pays était protectorat français, entre 1912 et 1956, avec toutefois une zone sous administration espagnole qui se situait au nord et au sud du pays. Mais contrairement à l'Algérie -qui avait le statut de département français- la France a accepté de négocier son retrait, sans qu'une guerre ouverte n’éclate.
"Cela n'a pas été une colonisation féroce et ça n'a pas été une libération aussi violente", explique Driss el-Yazami, ancien président du Conseil national des droits de l'Homme du Maroc. Cela a par la suite longtemps préservé les relations entre les deux pays. "Si on compare à d'autres mouvements de libération, les traces sont moins conflictuelles, disons", note encore Driss el-Yazami.
De la crise des visas au Sahara occidental
Cela n'a pas empêché que, ces dernières années, les relations s'étaient dégradées. D'abord parce que la France a réduit le nombre de visas pour les Marocains en 2021.
Puis aussi et surtout parce que Rabat n'acceptait pas que la France reste sur la position de l'Onu sur le Sahara occidental. Ce territoire disputé entre le Front Polisario et le Maroc, qui le considère comme partie intégrante de son Royaume, mais qui est officiellement un territoire non autonome et pour lequel un référendum d'autodétermination devrait être organisé. Sauf que cet été, Paris a opéré un tournant diplomatique complet, écrivant noir sur blanc que le plan du Maroc pour ce territoire, qui propose une autonomie partielle sous contrôle marocain, était le seul pouvant "aboutir à une solution politique juste, durable et négociée".
Intérêts économiques et politiques
De quoi relancer les relations diplomatiques, explique aujourd'hui Steven Höfner, le chef du bureau la fondation allemande Konrad-Adenauer à Rabat. "Pour le Maroc, la règle générale en matière de politique étrangère est de savoir quelle est la position des pays sur le Sahara occidental et de classer ensuite les partenaires correspondants par catégories", détaille-t-il. "Et comme la France soutient officiellement le plan d'autonomie, elle est redevenue un très bon partenaire pour le Maroc et essaie d'en tirer profit, surtout dans le domaine économique."
Ainsi, juste avant la visite du président français au Maroc, la presse spécialisée rapportait par exemple que l'entreprise française Alstom pourrait bientôt remporter le marché pour fournir les trains de la future ligne Kénitra-Marrakech.
La France et toute l'Union européenne ont aussi un intérêt à ne pas fâcher Rabat... allié de poids dans les contrôles des politiques migratoires. Le Maroc a bloqué 87.000 personnes migrantes aux portes de l'Europe l'an passé, soit un tiers de plus que l'année d'avant.