Au Mali, la police sera à nouveau militarisée
11 octobre 2022C’est en janvier 1973 que la police nationale est devenue un corps militaire au Mali. Mais 18 ans plus tard, précisément en août 1991,la conférence nationale tenue après la chute du général Moussa Traoré, a adopté sa démilitarisation au nom des libertés publiques. Pour Aboubacar Sidick Fomba, président du collectif pour la refondation du Mali (COREMA) et membre du conseil national de transition (CNT), la remilitarisation de la police et de la protection civile va harmoniser les différents corps.
Il estime que "cette militarisation va interdire le syndicalisme au sein de la police nationale. Le syndicat va disparaître. Les policiers et les militaires auront à cet effet les mêmes formations, les mêmes primes et auront les mêmes avantages. La seule différence est que les policiers et les agents de la protection civile restent sous la coupole du ministère de la Sécurité, et les militaires vont rester sous la coupole du ministère de la Défense. Ne soyez donc surpris du port de certains armements par les policiers."
Utiles ailleurs
Amadou Aya, du parti Convergence pour le développement du Mali (CODEM) et du cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie soutient pour sa part que les agents de la police et de la protection civile sont plus utiles sur d’autres terrains.
"La police et la protection civile ont des missions spécifiques. Dans le projet de loi, il est dit que c’est pour permettre de combler ou d’occuper les espaces qui seront libérés par l’armée. A mon avis, la police et la protection civile ont d’autres missions que la défense du territoire", justifie-t-il.
Bruno Segbedji, directeur de publication à Mali Horizon salue cette remilitarisation de la police et de la protection civile, mais se pose des questions sur son financement.
"En termes de rémunération et en termes d’indemnités, ça fait des coûts supplémentaires pour le budget de l’Etat. Aujourd’hui, avec la tension de trésorerie du pays qui n’est un secret pour personne, il est évident qu'il y aura des difficultés. Surtout que les partenariats sont en baisse de régime. Autrement dit, les appuis des partenaires multilatéraux sont au point mort. Le projet est très ambitieux. C’est beaucoup d’argent qu’il va falloir décaisser", affirme Bruno Segbedji.
Le projet de loi portant militarisation de la police et de la protection civile passera sur la table du Conseil national de transition.