Bras de fer entre Mahmoud Dicko et la junte au Mali
23 juin 2023Selon Younouss Soumaré, vice-président de la Forsat civile, une organisation de la société civile qui soutient les autorités militaires, l’interpellation puis le retrait du passeport diplomatique de l’imam Mahmoud Dicko n’est pas surprenante dans le pays.
"Le retrait du passeport diplomatique de l’imam Mahmoud Dicko est tout à fait normal. Parce que c’est suite à ses agissements contre la transition. Je trouve que c’est un acte salutaire. Quitte à l’imam maintenant de rassembler les maliens autour du Mali. Comme on le dit chez nous, qui cherche trouve. Ce qui est sûr, l’Etat ne meurt pas", a déclaré à DW, le vice-président de la Forsat.
Relations tendues entre Dicko et la junte
Pour Al Hassan Bah du centre islamique de formation et de documentation, l’imam Mahmoud Dicko jouit d’une double réputation au sein de la société malienne.
Ce qui pourrait selon l’islamologue, lui conférer un rôle de régulateur qui dit ce qu’il pense en tout temps et en tout lieu. Al Hassan Bah déplore toutefois les relations tendues entre les autorités de la transition et l’imam Dicko.
"Nous regrettons beaucoup que les choses aient pris cette tournure créant ainsi une situation d’inconfortabilité pour notre pays. Cheikh Mahmoud Dicko a une certaine personnalité à plusieurs dimensions. Sa personnalité a une dimension politique, mais surtout une dimension religieuse. Ce qui fait que selon lui-même, il doit mener une lutte qui lui semble être la vraie et appropriée en ce moment. Avec le retrait de son passeport, nous pourrions être témoins des mouvements et des agissements qui soutiennent ses idéaux, mais aussi sa personnalité qui a atteint, dans un certain sens, l’apogée", explique M. Bah.
Naissance d'un front de contestation ?
Moctar Sy du mouvement génération engagée, une organisation de la société civile malienne, appelle pour sa part les autorités militaires ainsi que les partisans de l’imam Mahmoud Dicko au calme et à la retenue.
"Je pense qu’il faudrait que les deux parties se réunissent et échangent sur la situation du pays. L’imam Mahmoud Dicko étant dans son rôle, un homme religieux très averti, très impliqué et aussi les autorités de la transition qui se sont engagés à refonder le Mali. Cela n’est possible que dans l’union, dans le rassemblement et vraiment dans la cohésion sociale entre tout le monde. Je crois qu’il est inutile de créer d’autres fronts, on fait déjà face à l’insécurité, à la cherté de la vie etc …"
La CMAS, la coordination des mouvements, associations et soutiens à l’imam Mahmoud Dicko, dit tenir pour seuls responsables les militaires au pouvoir de tout ce qui pourrait arriver au guide religieux. C’est du moins, ce qu’on peut lire dans le communiqué publié par cette organisation.