Législatives apaisées en Côte d'Ivoire
8 mars 2021Les législatives de samedi se sont dans l'ensemble déroulées dans le calme, contrairement à la présidentielle d'octobre 2020, marquée par des violences avant et après le scrutin qui avaient fait 87 morts et environ 500 blessés.
Ce scrutin avait alors été boycotté par les partis d'opposition et le président Alassane Ouattara réélu avec plus de 94% des voix pour un troisième mandat controversé.
Le vote de samedi a marqué le grand retour du FPI de Laurent Gbagbo. Son parti boycottait tous les scrutins depuis l'arrestation de M. Gbagbo en avril 2011 à Abidjan et son transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Les violences post-électorales avaient fait environ 3.000 morts.
Le scrutin de samedi est censé permettre de renouveler les 255 membres de l’Assemblée nationale. L’élection s’est déroulée sans heurts. Le dépouillement est toujours en cours mais hier, l’opposition et le parti au pouvoir ont déjà chacun clamé leur victoire.
Réconciliation et apaisement étaient les maîtres-mots de ces législatives 2021 en Côte d'Ivoire. Toutes les grandes formations politiques ont participé au scrutin.
Mais selon Arsène Konan, le porte-parole d’Indigo Côte d'Ivoire, qui a déployé 500 observateurs sur l’ensemble du territoire.es Ivoiriens doivent rester vigilants.
"Pour ce qui est des législatives qui viennent de se tenir, globalement les choses se sont passées dans un climat relativement apaisé nonobstant quelques incidents çà et là. Mais qui n’était pas de nature vraiment à créer une atmosphère délétère. Maintenant passé le scrutin en lui-même, il faut pouvoir gérer tout ce qui est passif donc de ce scrutin. Notamment les résultats, les victoires mai aussi les défaites et les désillusions."
Large avance du pouvoir
L'enjeu des législatives pour les partis d'opposition est d'obtenir suffisamment d'élus à l'Assemblée nationale afin d'empêcher "la consolidation d'un pouvoir absolu" du président Ouattara et de son parti.
Pour poursuivre la politique de "réformes" du chef de l'Etat, le RHDP entend lui conserver sa majorité absolue de 167 sièges sur 255, obtenue en décembre 2016 alors qu'il était allié au PDCI.
Les résultats partiels déjà publiés par la Commission électorale indépendante ne sont pas favorables à l’opposition. Pourtant, elle espérait prendre sa revanche sur le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP au pouvoir), après la présidentielle qu’elle avait boycottée.
L’opposition n’a pas pu envoyer de candidats dans les régions du nord. Ce qui fait dire au juriste et analyste politique Geoffroy Kouao que l’opposition n’avait aucune chance d’avoir la majorité dans la prochaine Assemblée.
Selon lui, "l’opposition part fragilisée. Parce que déjà dans 90 circonscriptions électorales, l’opposition est totalement absente. Elle a laissé le champ libre au RHDP le parti au pouvoir. Et ce parti-là ne cherche que 38 sièges supplémentaires pour avoir la majorité."
Pourtant Niamké Koffi, coordonnateur général en charge des élections au Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) a revendiqué hier [07.03.21] 128 élus pour l’opposition.
Niamké Koffi en a profité pour mettre en garde la Commission électorale et le gouvernement contre les éventuels tripatouillages des résultats.
"Notre inquiétude, c’est la manipulation des résultats. Les résultats officiels qui sont donnés par la CEI sont entachés d’irrégularités. Rien n’est publié parce que nous savons que quand la publication des résultats traine c’est qu’il y a ces manipulations qui se mettent en route. Nous mettons donc le gouvernement en garde contre ces tentatives de manipulation qui fausse la sincérité du scrutin et suscite les violences contre lesquelles nous avons milité au sein de l’opposition", affirme-t-il.
Selon les résultats provisoires, la coalition RHDP au pouvoir arrive en tête avec 147 députés, talonnée par l’alliance FPI pro-Gbagbo et le PDCI de Bédié avec 68 élus.
Les indépendants représentent la 3 ème force du pays avec 28 élus. L’autre frange du FPI présidée par Pascal Affi N’Guessan n’a obtenu que deux sièges.
Ces résultats provisoires doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel après la période des contentieux pour être définitifs.
Le scrutin s'est tenu sans le Premier ministre Hamed Bakayoko dont l'hospitalisation à Paris depuis le 18 février a été prolongée. Selon la CEI, il a été réélu dans son fief de Séguéla (nord).