L’Otan a-t-elle laissé mourir des migrants en Méditerranée ?
30 mars 2012Il y a un an exactement, 63 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Parmi elles, au moins vingt femmes et deux bébés. Seules onze rescapés ont pu rejoindre les côtes libyennes d’où ils étaient partis et parmi eux, certains ont parlé. Ils ont expliqué comment au moins deux navires militaires, mais aussi un avion et un hélicoptère, s’étaient approchés d’eux. Certains militaires ayant même pris l’embarcation en photo.
L’année dernière, l’Organisation humanitaire Human Rights Watch avaient interpelé l’Otan, dont les navires croisaient dans la zone en raison du conflit libyen. Aucune réponse officielle. Le quotidien britannique The Guardian a affirmé pour sa part que parmi ces navires, il y avait le porte-avions français Charles-de-Gaulle, ce que la marine française a démenti.
Le Conseil de l’Europe désigne l'Otan
Un an après, qui est responsable de la mort de ces 63 Africains ? Qui a refusé de porter secours à cette embarcation à la dérive au mépris de toutes les règles internationale de la marine ? Est-ce que la vie de ces migrants n’en valait pas la peine ? C’est à toutes ces questions que le Conseil de l’Europe s’est efforcé de répondre dans un rapport rendu la semaine dernière. Un rapport dans lequel on peut lire qu’en effet, des navires et des hélicoptères ou avions militaires se sont approchés du canot pneumatique mais aucun d’entre eux n’est venu au secours de ses passagers.
Pour le reste, les marines des différents pays engagés jouent les grandes muettes. Mais une chose est sûre, quatre sous-marins et, selon les jours, entre une vingtaine et une trentaine de bâtiments étaient engagés dans le cadre de l’opération « Unified Protector ». Avec tous à bord des radars suffisamment sophistiqués pour repérer un canot pneumatique dérivant et pour capter le SOS lancé depuis son bord à l’aide d’un téléphone satellite. Mais personne n’a rien vu, personne n’a rien entendu. Triste paradoxe quand on sait que ces navires étaient engagés officiellement pour venir en aide aux populations civiles en Libye.
L'Europe forme des policiers au Niger
Depuis la chute de Kadhafi, une partie de l’arsenal de son armée s’est dispersé dans la nature et se retrouve dans la région du Sahel, où opère Aqmi : Al-Qaïda au Maghreb islamique. Pour aider les États à mieux contrôler cette zone du Sahel, l’Europe vient de décider d’envoyer des formateurs sur place. Une trentaine d’entre eux vont se rendre au Niger d’ici cet été pour former la police et la gendarmerie.
Ensuite, d’autres pays comme la Mauritanie et l’Algérie pourraient être concernés. Mais envoyer quelques dizaines de formateurs, n’est-ce pas des moyens dérisoires quand on considère l’urgence de la situation ? C’est la question que nous avons posée à l’eurodéputé Arnaud Danjean, il est président de la commission Sécurité et Défense du Parlement européen.
Inégalités hommes-femmes
Des règles contraignantes pour accroitre le nombre de femmes haut placées dans les entreprises : c’est la proposition de la commissaire européenne à la justice Viviane Reding. Concrètement, il s’agit d’introduire des quotas dans les conseils d’administration. La France, qui a déjà adopté cette règle l’année dernière, a été citée en exemple.
Mais un an après, quels sont les résultats ? Et qu’en est-il de l’égalité dans le monde du travail en France, notamment dans le contexte de crise ? C’est un reportage de notre correspondante Anne-Julie Martin.
Auteur : Jean-Michel Bos
Édition : Elisabeth Cadot