Au Cameroun, l'opposition rejette le calendrier électoral
2 avril 2019La nouvelle agite les états majors des partis politiques de l'opposition, exaspérés à l'idée que les conseillers régionaux puissent être élus par un collège électoral en grande partie illégitime.
"Le mandat actuel est caduc. Le président de la République avait reporté leur mandat d'un an, ils ont perdu leur légitimité. Donc il est important d'organiser d'abord les élections municipales pour que les magistrats municipaux et les chefs traditionnels choisissent les futurs conseillers régionaux ", s'insurge Thierry BIASSI, membre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).
Réaction du parti au pouvoir
Pour Gérard Zambo, membre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, la prorogation du mandat des députés et conseillers municipaux expire au mois d'octobre. Et aucune loi n'indique la tenue des législatives avant les régionales. On ne peut donc pas parler d'illégitimité selon M. Zambo.
"Nous ne pouvons pas encore dire que les conseillers municipaux ou les députés ne sont pas légitimes quand ils sont couverts par le décret du président de la République, prorogeant la durée de leur mandat. Aujourd'hui, si le président estime qu'après la présidentielle de 2018, il faut mettre en place le processus de la décentralisation, il y a aucune loi qui l'interdit", assure Gérard Zambo.
Toutefois, le MRC estime qu'il y a des problèmes urgents à résoudre d'abord au pays avant de parler de la tenue des régionales.
"Nous avons plus de 450 000 camerounais déplacés à l'intérieur du pays par rapport à la guerre. Parmi eux, des chefs traditionnels et des magistrats municipaux qui doivent élire les conseillers régionaux et qui ont fui la localité", explique Thierry BIASSI.
Dans son discours de fin d'année, le président Paul Biya avait promis la tenue des élections régionales en 2019, tout en les présentant comme une solution aux revendications des populations du nord-ouest et sud-ouest.
Depuis, les violences n'ont pas connues d'accalmie sur le terrain. Ce qui suscite des interrogations sur les conditions d'organisation d'une élection dans cette partie du pays.
C'est dans ces conditions que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) dont Maurice Kamto est le président a annoncé de nouvelles manifestations à partir du 06 avril, pour exiger la révision consensuelle du Code électoral avant les prochaines échéances électorales.