Les séparatistes camerounais extradés depuis le Nigeria
30 janvier 2018"Le Gouvernement camerounais annonce à la communauté nationale et internationale qu’un groupe de quarante-sept terroristes, au nombre desquels Monsieur Ayuk Tabe, se trouve depuis quelques heures entre les mains de la justice camerounaise, devant laquelle ils répondront de leurs crimes".
C’est en ces termes que le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, a rendu officielle l’extradition au Cameroun des sécessionnistes anglophones interpellés au Nigeria le 5 janvier dernier.
A travers cette annonce, le gouvernement camerounais se félicite de "la coopération multiforme qu’entretiennent le Nigeria et le Cameroun, notamment au plan sécuritaire."
Le Cameroun a plusieurs fois qualifié de "terroristes" les séparatistes anglophones mais les chefs d'accusation à l'encontre des personnes extradées n'ont pas encore été déterminés par la justice.
Issa Tchiroma Bakary a réaffirmé la détermination du Nigeria et du Cameroun "à ne jamais tolérer que leurs territoires servent de base à des activités de déstabilisation dirigées contre l'un d'entre eux".
Début janvier, le leader des indépendantistes camerounais, Sisiku Ayuk Tabe, et neuf de ses partisans avaient été arrêtés au Nigeria, où ils étaient depuis détenus au secret.
Villages mis à sac
Mi-janvier, l'organisation non gouvernementale Amnesty International s'était inquiétée du sort des séparatistes détenus au Nigeria, estimant qu'ils "pourraient être menacés de torture" et s'exposer à "un procès inéquitable" s'ils étaient extradés du Nigeria.
Sisiku Ayuk Tabe milite pour que les deux régions anglophones du Cameroun se séparent de la partie francophone du pays. Le 1er octobre 2017, le mouvement avait publié une déclaration symbolique d'indépendance de l'Ambazonie, nom donné par les séparatistes à leur projet de pays.
Depuis plusieurs mois, l'armée a déployé des forces dans les deux régions anglophones pour contrecarrer des attaques de séparatistes présumés, de plus en plus nombreuses, faisant craindre l'émergence d'une "insurrection armée" dans la région.
Dans le même temps, le président Paul Biya et les autorités camerounaises ont accru la pression sécuritaire dans les régions anglophones du sud-ouest et du nord-ouest.
Selon un décompte de l'AFP, établi sur la base des déclarations officielles, 19 militaires et policiers ont été tués depuis novembre, tandis que les réseaux sociaux pro-anglophones diffusent des photos de civils tués et de villages mis à sac par l'armée - sans qu'il soit possible d'en vérifier l'authenticité.
Nombre d'hommes politiques anglophones dénoncent depuis début 2018 des "actes arbitraires (tueries, destructions de maison)" de l'armée camerounaise en zones anglophones.
Le Cameroun se prépare à des élections - dont la présidentielle - fin 2018. La profonde crise socio-politique que Yaoundé traverse dans ses régions anglophones pourrait perturber ces scrutins.
(Avec AFP)