Les criquets pèlerins envahissent l’Afrique de l‘Est
28 février 2020Un essaim de criquets d’un kilomètre carré peut dévorer les récoltes destinées à nourrir 35.000 personnes.
Ce chiffre donne une idée de l’ampleur des ravages occasionnés par les insectes qui inquiètent désormais les Nations unies.
D’autant que les criquets, eux, continuent de se reproduire à une vitesse exponentielle. Ils profitent de conditions idéales, comme le changement climatique qui provoque le réchauffement des mers. Ce qui entraîne une hausse du nombre de cyclones, créant des conditions propices à l’éclosion des larves.
Par ailleurs, le nombre de criquets aurait été multiplié par 64 millions en un an et demi seulement. Et la population acridienne pourrait encore croître 500 fois d’ici au mois de juin courant.
"Nous étions au Kenya il y a deux semaines. Nous y avons vu de grands essaims de criquets. Il faut que nous fassions des pulvérisations aériennes. Ce que nous avons observé ici ce matin, ce sont des larves qui ne volent pas encore, explique Dominique Burgeon, directeur de la division des urgences et de la réhabilitation à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l’agriculture, la FAO, en visite en Somalie.
Il estime que "pour lutter contre les larves, on peut effectuer des opérations de contrôle au sol. Il existe une variété d’outils à notre disposition. Le problème, c’est que la prochaine saison de plantation aura lieu très bientôt. Elle va commencer en avril ou mai. Donc si on ne parvient pas à contrôler maintenant les populations acridiennes, cela aura un impact énorme sur la saison des semences."
Difficultés d’accès à la nourriture
Le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires de l'Onu, Mark Lowcock, rappelle que "treize millions de personnes vivent dans les pays concernés qui ont déjà des difficultés d’accès à la nourriture" et que "dix millions de personnes résident directement dans les zones touchées par les criquets."
"J’appelle les Etats concernés, la communauté internationale, les donateurs à agir - et à agir maintenant. Nous sommes au bord de la catastrophe. Peut-être pouvons-nous encore la prévenir. Il faut que nous essayions", plaide Mark Lowcock.
Plusieurs gouvernements de la Corne de l’Afrique procèdent à l’épandage à grande échelle d’insecticides sur les terres arables, au sol ou depuis des avions, dans l’espoir que les pâturages se régénèrent pour permettre aux agriculteurs et aux éleveurs de reconstituer leurs réserves.
Aussi, l’Onu estime à 76 millions de dollars les sommes requises pour venir à bout des criquets dans la Corne de l’Afrique – seuls 21 millions pu être récoltés jusqu’à présent. Le trou béant dans les finances aggrave l’urgence humanitaire de jour en jour, surtout au Kenya, en Somalie et en Ethiopie. Depuis le 9 février, les premiers criquets ont aussi été signalés en Ouganda. La République démocratique du Congo est par ailleurs à son tour également touchée par l'invasion des criquets ravageurs, une première depuis 1944.