L'ennuyeux duo télé Merkel-Schulz
4 septembre 2017Une caricature dans les pages de die tageszeitung résume bien le sentiment général : un couple est assis dans un canapé devant sa télé, l'homme ronfle et la femme dit : « Et c'est ce qu'on appelle un duel ? Au moins avec Tatort, il y aurait eu un cadavre. » Référence à la série policière culte qui tient en haleine, chaque dimanche soir, plusieurs millions de téléspectateurs allemands devant leur télé.
Ni polar, ni duel de western : c'est la même impression d'une soirée peu palpitante pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En photo de Une, Angela Merkel et Martin Schulz se serrent la main, tout sourire. Et au-dessus, le journal a titré avec ironie : « quand les deux se disputent ».
L'heure n'était donc pas vraiment au pugilat. Le terrain était connu, c'était ni plus ni moins qu'un débat entre la CDU et le SPD : les deux partis font partie d'une même coalition qui tient les rênes de l'Allemagne. Merkel et Schulz sont pris dans ce cycle de compromis, liés à leurs formations politiques.
Alors dans son éditorial, la FAZ se demande pourquoi l'heure n'est-elle pas venue pour les petits candidats, des Verts aux libéraux, d'incarner le changement ? Tout simplement à cause de l'hégémonie d'une culture de consensus qui refroidit les duels, les transformant plutôt en duos.
De nombreuses sanctions possibles contre Ankara
Si hier, les deux candidats à la chancellerie ont évoqué la situation de la Turquie, pour les journaux allemands il est clair que Berlin doit se montrer plus ferme avec Ankara. Le ton employé par les autorités turques est scandaleux s'indigne la Süddeutsche Zeitung.
Et particulièrement celui du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu. "Mais qu'est-ce que ça peut vous faire?", a-t-il notamment lancé à l'Allemagne, lors des récentes arrestations de citoyens binationaux. Il est loin d'emprunter le ton de la diplomatie qui sied à sa fonction, critique le journal.
Le gouvernement fédéral doit enfin agir, s'alarme die tageszeitung. Une cinquantaine d'Allemands sont en détention en Turquie, dont une dizaine pour des motifs politiques. Sigmar Gabriel, le ministre allemand des affaires étrangères a raison quand il dit que seule la pression économique peut contribuer à faire céder la Turquie.
Mais qu'est-ce qui suit? Ce ne sont que des mots. Les possibilités de sanctions sont pourtant nombreuses : arrêt des exportations d'armes, gel des comptes des responsables de l'AKP, gel du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, … L'objectif du gouvernement fédéral est d'avoir "une politique cohérente avec les droits de l'homme". C'est sur cela que doit être jugée la coalition CDU-SPD, à vingt jours des élections, conclut le quotidien de Berlin.