Le salaire mirobolant des députés kényans
7 février 2013Un salaire d'environ 9.000 euros net. Voilà ce que gagnent les députés au Kenya. C'est plus que les députés allemands. À cela s'ajoutent d'autres avantages : une somme de 6.000 euros pour leurs frais par exemple, des appartements gratuits ou un forfait de téléphone.
Ce sont les députés eux-mêmes qui se sont attribués ces petits plus. En janvier dernier, ils se sont empressés, avant la fin de la législature, de voter une loi leur accordant quelque 80.000 euros de bonus ! Mais ces revendications exhorbitantes ont provoqué la colère. Des manifestations ont eu lieu. Antonie Tosh y a participé :
« Nous votons pour les politiciens qui nous payent. Donc jamais pour celui qui propose seulement ses compétences. Ces gens qui achètent des voix n'ont évidemment qu'une idée lorsqu'ils sont élus, c'est de récupérer l'argent qu'ils ont dépensé. »
600.000 euros par an
Le président Mwai Kibaki a mis son véto à la dernière loi sur le bonus aux députés. Mais de son côté, il ne s'est pas privé de s'accorder une indemnité de plus de 200.000 euros. Un président qui touche - rapporté au revenu moyen de la population - le salaire le plus élevé au monde. Avec ses 600.000 euros par an, il est payé plus du double de la chancelière allemande Angela Merkel, à la tête de la première économie d'Europe.
Malheureusement, l'exemple du Kenya est loin d'être isolé sur le continent africain. Heinrich Bergstresser est journaliste et spécialiste du Nigeria. Dans ce pays, les responsables politiques s'accordent eux aussi des salaires plus que généreux, basés sur le système du clientélisme. Avec cet argent, ils s'offrent une vie privilègiée mais donnent aussi des faveurs à leur familles, leur relations et les habitants de leurs circonscription, explique Heinrich Bergstresser. Avec des conséquences désastreuses :
« Cela signifie que cette élite mène une vie à part. Grâce aux importants revenus de la production de gaz et de pétrole, elle peut, libérée de toute question de légitimité par rapport aux électeurs, maintenir son univers clos sur elle. »
Mais une démocratie ne peut pas fonctionner correctement sans lien entre électeurs et députés. Et dans de nombreux pays africains, les citoyens s'interrogent désormais sur le bien-fondé des salaires et privilèges exhorbitants dont profitent leurs représentants.