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Le désarroi des ressortissants africains vivant au Liban

Privilege Musvanhiri | Fréjus Quenum
8 octobre 2024

Aucune solution n'est pour l’instant en vue pour des milliers d'Africains bloqués au Liban sous les bombardements de l'armée israélienne.

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Libanon, Beirut | Geflüchtete Familien
Image : Louisa Gouliamaki/Reuters

Alors qu'Israël affirmait ce mardi (08.10.2024) avoir élargi son offensive terrestre contre le Hezbollah dans le sud de ce pays, le sort de milliers d'Africains reste incertain. Israël affirme avoir déployé des troupes supplémentaires et a appelé les habitants à éviter la zone côtière. 

Sauve qui peut

Une fumée s'élève au-dessus de la ville de Beyrouth après des frappes israéliennes (Archives - Beyrouth : 07.10.2024)
Le Liban pourrait connaître "la même spirale catastrophique" qu'à Gaza, alerte l'OnuImage : Marc Fayad/abaca/picture alliance

Le sauve qui peut au Liban est particulièrement dur pour les ressortissants des pays africains. Nombreux sont des employés de maison, abandonnés par leurs employeurs en fuite sous les bombardements de l'armée israélienne.

D'après des témoignages recueillis par la Deutsche Welle, certains d'entre eux n'ont pas accès à l'aide d'urgence. "Personnellement, je suis dans la panique car je ne me sens pas totalement en sécurité là où je me trouve", se plaint Regina Blessing Kyalo originaire du Kenya. Elle a immigré au Liban il y a juste un an.

"Peut-être que nous devrons évacuer à tout instant car nos patrons reçoivent des consignes de la part d'Israël pour évacuer en raison de frappes imminentes. Il y a certains employés que je connais, qui sont enfermés à la maison alors que leurs employeurs sont partis. Nous sommes bloqués. Il n'y a aucun moyen de partir. Même si nous décidons de rentrer chez nous, c'est une mission impossible puisque nos documents de voyage sont aux mains de nos patrons", poursuit la citoyenne kényane.

Regina Blessing Kyalo explique par ailleurs que certains de ses amis se sont vu refuser l'accès aux abris de fortunes installés par le gouvernement, pour la simple raison qu'ils ne sont pas des Libanais.

Benjamin Netanyahu s'adresse aux Libanais

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé les Libanais à "sauver" leur pays en le libérant "du Hezbollah", menaçant le Liban de connaître "des destructions et des souffrances comme celles que nous voyons à Gaza".
Par ailleurs les autorités du Liban sont régulièrement accusées de privilégier les nationaux par ces temps de troubles. La crise actuelle lève aussi un coin de voile sur la situation des employées de maison d'une manière générale.

Regina Kyalo : "Nos documents de voyage sont aux mains de nos patrons"

Selon Dia Haj Shahin, une activiste qui porte assistance à des migrants, "c'est de l'esclavage des temps modernes, parce que, tout d'abord, ces migrants n'ont aucun droit. Ils sont traités comme des êtres humains de seconde zone. Souvent, ils sont maltraités dans les foyers, ne sont même pas payés à la juste mesure de ce qu'ils font comme travail."

Israël a lancé le 30 septembre des opérations terrestres contre le Hezbollah dans le sud du Liban.

"Nous avons collecté les données de tous ceux qui sont sous notre protection en vue d'enclencher les procédures de rapatriement. Or aucun d'eux n'est en possession de son passeport. Certains d'entre eux n'ont même plus de contact avec leurs employeurs", renchérit l'activiste libanaise Dia Haj Shahin.

D'après l'organisation internationale pour les migrations, 175 000 migrants originaires d'une centaine de pays vivent au Liban. Des statistiques qui datent de la période avant l'éclatement des hostilités.

Les procédures d'évacuation sont rendues compliquées par le fait que certains pays comme le Kenya n'ont pas d'ambassade au Liban.

Parmi les pays qui organisent actuellement le départ de leurs ressortissants, il y a la France qui a mis à disposition un avion de transport militaire pour faciliter une cinquantaine de départs volontaires ce mardi.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum