Le delta du Niger n'a pas été correctementdépollué
3 novembre 2015Un rapport publié aujourd’hui à l'occasion du 20e anniversaire de l'exécution, le 10 novembre 1995, du défenseur de l'environnement et écrivain Ken Saro-Wiwa. Il faisait campagne sans relâche contre les dommages causés par l'industrie pétrolière dans le delta du Niger.
"En raison de la fuite de pétrole de l'oléoduc de Shell, il est difficile d’attraper quelque chose ici. L'environnement est détruit. Autrefois, il y avait ici même des huîtres mais ces jours sont révolus". Une fois de plus, les filets sont vides comme presque tous les jours pour les pêcheurs de Bodo. Sinebari Bonwa doit passer des heures dans son embarcation sans pour autant attraper grand chose et pour cause. En 2008 et 2009, des milliers de barils de pétrole se sont déversés dans la zone et ont contaminé l'eau.
Une indemnisation insuffissante
Shell a payé durant cette année 83 millions $ d’indemnisation, mais cela ne profite qu'à quelques-uns. A quelques kilomètres de là, se trouve la tombe de Ken Saro-Wiwa. Pendant des années, il a défendu les intérêts de la communauté Ogoni notamment pour une répartition plus équitable des revenus pétroliers. Il y a 20 ans, il a été exécuté avec d'autres militants malgré les protestations internationales. Son frère Harry Saro-Wiwa rend également Shell responsable"je crois qu’il a donné sa vie pour nous tous. Certains pourraient dire que cela n’en valait pas la peine. Mais progressivement, on réalise que ça valait le coup. Tout le monde sait maintenant que Ken a dit la vérité. Il est mort parce qu'il a dit la vérité".
C’est à contrecœur que Shell parle de la catastrophe en pays Ogoni. Aussi bien le géant pétrolier que le nouveau gouvernement du Nigeria, ont maintes fois promis de dépolluer les zones concernées, mais jusqu'ici sans plans concrets. Igo Weli, directeur général des relations extérieures de Shell au Nigeria explique que Shell travaille avec le gouvernement pour commencer les opérations dès que possible "Nous voulons aider et faire partie de la solution au problème" dit-il.
Certains, comme le pêcheur Sinebari Bonwa, ne croient plus en une solution rapide: l'environnement est détruit, dit-il. La société est divisée en gagnants et perdants. Pour lui, c’est clair: le pétrole en pays Ogoni est plus une malédiction qu'une bénédiction.