Le casse-tête des nominations pour les postes-clé de l'UE
1 juillet 2019Les chefs d’État et de gouvernement européens étaient réunis depuis dimanche soir (30 .06.2019). Pour la troisième fois depuis les élections européennes fin mai, ils ont tenté de se mettre d’accord sur la nomination des quatre postes-clés : la prrésidence de la Commission européenne, du Conseil européen et de la Banque centrale européenne mais aussi le ou la Haut·e représentant·e pour les Affaires étrangères. Sans succès. Après une nuit blanche, le sommet a été suspendu lundi midi, jusqu’à mardi 2 juillet au matin.
Dès son arrivée au sommet dimanche, Angela Merkel n’était pas très confiante. "Vu comme se présentent les choses, ce ne seront pas des discussions très faciles, c'est le moins que l'on puisse dire", reconnaissait la chancelière allemande.
Lundi matin, elle affirmait que les discussions étaient "compliquées", mais elle disait espérer "qu'avec de la bonne volonté, un compromis [serait] faisable".
Emmanuel Macron, le président français est rentré à Paris en évoquant un échec. Passablement agacé, il a regretté "des réunions trop longues qui ne mènent à rien" et "des heures passées en palabres " en évoquant "un club de 28 qui se réunit sans jamais se décider".
Le sommet qui avait commencé avec trois heures de retard a été suspendu vers 23H30. Pendant quatre heures, Donald Tusk, l’actuel président du Conseil européen, a rencontré chaque Chef d’État ou de gouvernement, séparément ou en groupe pour négocier un compromis.
De nombreux différends
Le premier blocage réside dans le système des "Spitzenkandidaten". Ce fonctionnement donnait l’avantage à Manfred Weber en tant que candidat du PPE mais il a été rejeté par bon nombre de pays. Ainsi Angela Merkel a dû laisser tomber son homme fort. Ces réserves étaient déjà apparentes au sommet du 20 juin dernier.
Il faut dire que le puzzle est délicat à compléter : mettre au moins 21 des 28 États membres d'accord en tenant compte des sensibilités politiques, répartir équitablement les postes entre les États membres fondateurs et les pays qui ont plus récemment adhéré - dans l'Est par exemple - et aussi privilégier la parité.
Une parité qui n'était jusque-là pas respectée. Lors du dernier mandat, quatre hommes, Antonio Tajani, Donald Tusk, Jean-Claude Juncker et Mario Draghi, étaient aux mains des principales institutions européennes. La seule femme étant Federica Mogherini, Haute représentante pour les Affaires Étrangères.
Cinq ans plus tôt, en 2014, les nominations n’avaient été finalisées qu’en août.
En parallèle du sommet du Conseil européen se tient la session inaugurale du Parlement européen. "Nous élirons notre président mercredi 3 juillet quel que soit le résultat" du sommet, a affirmé dimanche le président sortant, l'Italien Antonio Tajani, membre du PPE.
Ce président sera élu pour un mandat de deux ans et demi. L’élection devrait se jouer entre un candidat PPE et un candidat social-démocrate au vu du nombre de sièges que les deux groupes détiennent au Parlement.
Un poste qui pourrait être attribué à Manfred Weber, comme lot de consolation. Il avait en effet accepté de soutenir la nomination du candidat Frans Timmermans à condition d’obtenir la présidence du Parlement européen et celle du Conseil pour un autre membre du PPE.
Les noms qui circulent
Le nouveau favori pour la présidence de la Commission européenne serait donc le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans.
Dans ce scénario, c’est une Bulgare du PPE, Kristalina Georgieva, qui pourrait prendre la tête du Conseil européen, selon plusieurs sources européennes.
Pour équilibrer les postes sur l’échiquier politique, la diplomatie européenne reviendrait à un libéral. Les noms du Belge Charles Michel et de la Danoise Margrethe Vestager sont évoqués.
Si un accord est trouvé cette semaine par les chefs d'Etat et de gouvernement sur la présidence de la Commission, le Parlement pourra se prononcer sur son candidat lors de sa seconde session du 15 au 18 juillet. Il lui faudra obtenir au moins 376 voix pour être élu.
En attendant, les négociations reprennent mardi 2 juillet à 11 heures à Bruxelles.