Le Burkina, un bon exemple de la démocratie en Afrique
23 mars 2018L'étude réalisée par la Fondation Bertelsmann, de 2016 à 2018, sur les bons et mauvais élèves de la démocratie, place le Soudan, l’Erythrée, le Tchad et la République Démocratique du Congo parmi les Etats les moins démocratiques au monde.
En revanche, le Burkina Faso est considéré comme ayant progressé vers la démocratie au cours des dernières années.
Le Burkina Faso mérite-t-il ce satisfecit de la Fondation Bertelsman? La DW a posé la question à Siaka Coulibaly, juriste, analyste politique et membre de la société civile burkinabé.
Siaka Coulibaly: Que le Burkina Faso ait pu figurer dans cette liste, ce n’est pas vraiment une surprise. En général, la communauté internationale considère le refus de la modification de l’article 37 à la fin de 2014 et le renversement de Blaise Compaoré, qui s’entêtait à procéder à cette modification, comme un élément de haute démocratie. Donc la plus part des acteurs de la communauté internationale sont restés bloqués sur cet évènement.
DW: Et vous pensez qu’aujourd’hui, il y a plus de démocratie au Burkina qu’hier sous l’air de Blaise Compaoré ?
Siaka Coulibaly: Je pense qu'on n’a pas bien compris les critères utilisés par l’institution pour procéder à son classement. Mais il me semble que classer d’emblée le Burkina Faso parmi les pays les plus démocratiques, peut soulever un certain nombre de questionnements. Et si on va dans les détails, en utilisant des indicateurs de démocratie et en les informant avec des données tirées sur le terrain, je crains que là-dessus le Burkina Faso d’aujourd’hui puisse rencontrer un certain nombre de difficultés à être considéré comme un pays vraiment démocratique. C’est vrai qu’il y a un mélange d’indicateurs qui concourent à la fois à montrer le Burkina comme un pays de démocratie, mais il y a d’autres éléments qui démontrent que cette démocratie n’est pas aussi parfaite que ça.
DW: Quels sont ces éléments-là ?
Siaka Coulibaly: Si on prend les critères de la qualité des élections, l’élection couplée présidentielle et législative de novembre 2015, s’est faite par exemple sur la base d’un code électoral qui exclue une partie de la classe politique. Les standards internationaux universels, notamment la déclaration universelle des droits de l’homme, mentionnent qu’un processus électoral n’est démocratique que lorsque tout citoyen a pu prendre part soit en tant qu’électeur, soit en tant que candidat. Et là-dessus, ce serait un gros boulet au pied de la gouvernance politique du Burkina Faso. Il y a aussi la qualité du dialogue politique qui à l’heure actuelle se résume à quelques activités institutionnelles, notamment au niveau de l’assemblée nationale, tandis que le reste de la classe politique réclame un processus de réconciliation, ce qui est refusé par le gouvernement en place.