Aller simple vers le Maghreb
2 mars 2016A Rabat, Alger et Tunis, Thomas de Maizière a tenté de convaincre les gouvernements de reprendre leurs ressortissants dont les demandes d'asile sont déboutées. "A courte échéance, cela n'est pas faisable sans marchandage avec des gouvernements louches relève la taz, die tageszeitung. La morale et les droits de l'Homme passent là au second plan, critique le quotidien de Berlin. Cela vaut autant pour les relations avec les Etats du Maghreb qu'avec la Turquie – qui reçoit de l'argent pour qu'elle retienne des réfugiés sur son territoire, - ou avec l' Egypte, qui, malgré un gouvernement militaire autoritaire , est courtisée parce qu'elle assure une certaine stabilité. Le gouvernement allemand mise de plus en plus sur une politique étrangère dictée avant tout par ses propres intérêts. Mais celui qui choisit la Realpolitik doit en assumer les conséquences: Qui ferme les yeux lors d'arrestations arbitraires à Alger, ne peut pas critiquer ailleurs de manière crédible des atteintes aux Droits de l'Homme ! s'indigne la taz."
"Les accords passés avec Rabat, Alger et Tunis sont un signal important", estime par contre le quotidien Neue Osnabrücker Zeitung :"ils montrent que se mettre en route pour l'Allemagne n'en vaut pas le coup, si l'on ne peut fournir de motifs valables donnant droit à l'asile. Et l'éditorialite de conclure: "Même des petits pas comptent pour que l'Allemagne puisse se concentrer dans son aide aux réfugiés sur ceux qui ont vraiment besoin de protection."
La Grèce, un camp de détention?
Les éditorialistes se penchent aussi sur la situation dramatique des dizaines de milliers de réfugiés bloqués en Grèce du fait de la fermeture de frontières de plusieurs pays sur la "route des Balkans".
"L'Union européenne doit agir, estime le quotidien Die Welt. Penser qu'un chaos en Grèce pourrait être utile à dissuader les candidats à l'émigration, est tout aussi condamnable sur le plan moral qu'erroné. Qui a réussi à échapper aux conflits et guerres civiles du Proche Orient ne se laissera pas arrêter pour si peu! Et tous ceux qui veulent abuser de la Grèce et se servir de ce pays comme d'un gigantesque camp de détention, pour assurer sa propre tranquillité, devra bien vite constater qu'il ne trouvera pas cette tranquillité ", croit le journal qui souligne encore une fois: "Athènes a besoin d'aide !"
La Süddeutsche Zeitung, elle, se penche sur le sort des enfants mineurs réfugiés en Allemagne et qui, selon le nouveau paquet de mesures sur l'accueil des réfugiés adopté par Berlin, ne peuvent plus compter sur ce que leurs parents puissent les rejoindre dans le cadre du regroupement familial. "On sait pourtant qu‘une séparation brutale de leurs parents entraîne pour ces enfants de graves troubles affectifs et relationnels. Les expériences recueillies par les pédiatres dans les foyers de premier accueil montrent que plus d'un tiers des enfants réfugiés syriens sont massivement malades, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychique... Et maintenant ? Les parents, qui pourraient réduire les souffrances de leurs enfants, n'ont plus le droit de les rejoindre ! Au lieu de cela des thérapeutes- qui sont en nombre largement insuffisant- sont censés s'occuper de ces enfants. Tout cela n'a pas de sens !, conclut le journal de Munich…